Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

Abubaker, AA; Gandu, S (2024). Greener Journal of Social Sciences, 14(1): 1-12.

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Vol. 14(1), pp. 1-12, 2024

ISSN: 2276-7800

Copyright ©2024, Creative Commons Attribution 4.0 International.

https://gjournals.org/GJSC

Article’s title and authors

Title in English

Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

Title in French

Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan

 

Abubaker, Abdallah Abdelrahim1; Gandu, Sebastien (PhD)1

1École Supérieure de Traducteurs et Interprètes (ASTI) et l’Institut Panafricain de Gouvernance, Sciences Humaines et Sociales (PAUGHSS)

Cameroun

ARTICLE’S INFO

Article No.: 010624002

Type: Research

Full Text: PDF, PHP, HTML, EPUB, MP3 Accepted: 06/01/2024

Published: 19/01/2024 *Corresponding Author

Abubaker, AA

E-mail: benhoome991@ hotmail.com, sgandu2000@ yahoo.com

Tel: +237 677366047 Keywords: Interpreting, conference interpreting market, challenges, prospects

Mots clés : Interprétation, marché de l’interprétation de conférence, défis, perspectives.              

Abstract

The aim of this article, entitled “Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan “, is to identify the challenges faced by Sudanese interpreters and to propose solutions and ways of improving the conditions and qualifications of these interpreters working on the market. To achieve our objectives, we used a mixed methodology of data analysis. Quantitative and qualitative data from 22 questionnaires and 03 semi-structured interviews were analysed and interpreted using trait theory and interpretive theory. The data collected reveal that professional, linguistic and political difficulties are the main challenges they face. Among the recommendations suggested for improving professional qualifications, the creation of a professional training school in conference interpreting, the organisation of the conference interpreting market, the creation of an association of interpreters and translators in Sudan, training in information technology as well as the promotion of foreign languages in the country.

Résumé

Ce présent article intitulé « Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan Â» a pour objectifs d’identifier les défis rencontrés par les interprètes soudanais et de proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications de ces interprètes travaillant sur le marché. Pour atteindre nos objectifs, nous avons utilisé une méthodologie mixte d’analyse de données. Des données quantitatives et qualitatives de 22 questionnaires et 03 entretiens semi-directifs ont été analysées et interprétées en se basant sur la théorie des traits et la théorie interprétative. Les données collectées révèlent d’abord que, selon nos interrogés, les difficultés professionnelles, linguistiques et politiques constituent des principaux défis auxquels ils sont confrontés. En conclusion, parmi les recommandations suggérées pour l’amélioration des conditions qualifications professionnelles, nous avons la création d’école de formation professionnelle en interprétation de conférence, l’organisation du marché d’interprétation de conférence, la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan, la formation sur les technologies de l’information ainsi que la promotion des langues étrangères dans le pays.

   

INTRODUCTION

Il convient, de prime abord, de noter que l’interprétation est, selon l’expression consacrée, un métier « aussi vieux que le monde Â» depuis les nuits des temps jusqu’à nos jours. Cette pratique qui sert de pont d’échanges culturels et sociaux est devenue une source de revenu pour autant d’interprètes à travers le monde.

D’ailleurs, On peut dire que l’histoire de l’ Â« Interprétation Â» au Soudan est passée par plusieurs époques qui y ont marqué la présence des langues étrangères. L’arrivée des Arabes au Soudan, l’esclavage, la colonisation, l’occupation turco-égyptienne sont tous des époques qui ont contribué à la pratique de l’interprétation au Soudan. Il est à noter que le Soudan, à la base, n’était pas un pays arabophone, mais il était un pays comme tout autre pays africain avant la colonisation où il y a cette présence intense des langues nationales, où toute tribu a sa propre langue et donc sa propre culture.

Avant la colonisation, vu le caractère multilingue du Soudan, la communication entre le peuple soudanais se faisait par l’interprétation, appelée à l’époque Traduction. L’histoire du Soudan a été en grande partie transmise par la tradition orale et les premiers détenteurs de ce savoir ancestral ont joué un rôle de traducteur/interprète avant, pendant et après la période coloniale Pendant la colonisation, la traduction et l’interprétation sont devenues indispensables vu la nécessité de répondre aux besoins de communication entre les Soudanais et les Britanniques, ce qui était naturel. Ce qu’il faut, peut-être, souligner ici c’est que les colonies anglaises étaient un peu différentes de celles françaises parce que la forme d’administration employée par les deux colons n’était pas la même. Par exemple, la culture importait peu pour les Anglais, contrairement aux Français pour qui l’implantation de la langue et de la culture était nécessaire à l’ancrage de la colonisation, d’où le fait que dans les colonies françaises, la langue du colonisateur était la seule qui servait de communication. Au Soudan, la situation était différente. Parce que les langues nationales et l’arabe, déjà utilisés comme langues de communication entre les Soudanais, ont continué à coexister avec l’anglais.

D’évidence, aujourd’hui, le marché de l’interprétation de conférence au Soudan a connu un développement croissant grâce aux échanges mondiaux, ONGS internationales et compagnies d’investissement étrangères dans les domaines minier, pétrolier, agricole, etc. Ces compagnies étrangères, qui ne connaissent pas la langue du pays hôte, font recours aux services d’interprétation de conférence auprès des acteurs du marché qui sont soit interprètes indépendants ou travaillant pour un cabinet d’interprétation.

Nous avons, néanmoins, fait le constat que ces acteurs du marché font face à une série de défis sur le plan professionnel, linguistique et d’ordre politique. A cet égard, cet article se propose de répondre à deux questions à savoir : quels sont les défis auxquels sont confrontés les interprètes de conférence sur le marché ? Et comment peut-on améliorer les conditions et qualifications professionnelles de ces interprètes pour remédier à ces défis ?

La présente étude vise à identifier les défis rencontrés par les interprètes sur le marché de l’interprétation et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

NOTIONS DE CONCEPTS CLES 

Dans cette partie, nous nous focaliserons sur la définition de concepts clés à savoir : l’interprétation de conférence, le marché de l’interprétation de conférence et l’étude du marché de l’interprétation de conférence.

    1. Interprétation de conférence 

Il convient, d’une part, d’affirmer que la notion d’interprétation de conférence admet une pluralité d’acceptions. Elle désigne, sur le plan linguistique, le transfert d’un message oral dans une langue par un même message équivalent dans une autre langue en prenant en compte le contexte situationnel du message. Giambagli (1999 : p. 200) estime que :

L’interprétation de conférence est une activité dont le produit fini, c’est-á-dire le discours-interprété, représente l’aboutissement d’un parcours de traitement de l’information linguistique et extralinguistique, à savoir co-textuelle, contextuelle, situationnelle et pragmatique, articulé et complexe.

D’autre part, dans son acception de profession, l’appellation de ce terme nous amène à penser que la pratique de l’interprétation de conférence se fait, justement, dans des salles de conférence. Il serait bon, néanmoins, de noter que la réalité est bien toute autre chose comme le précise D. Gile :

In spite of what the name conference interpreting suggests, conference interpreters work not only in conferences, but also in other settings, including meetings of committees and working groups in international organizations, visits of personalities, meetings of boards of directors of large corporations, medical, information technology, economic and other scientific and technical training seminars, TV programs, arbitration proceedings, and even court trials. In other words, their activity partly overlaps with liaison interpreting, court interpreting and media interpreting (Gile, 2006, p. 74).

[Malgré ce que laisse entendre le nom interprétation de conférence, les interprètes de conférence ne travaillent pas uniquement dans des salles de conférences, mais également dans d’autres cadres y compris les rencontres des comités et groupes de travail d’organisations internationales, les visites de personnalités, les rencontres des conseils des directeurs des grandes multinationales, des séminaires sur la santé, la technologie de l’information, l’économie et d’autres séminaires scientifiques et de formation technique, des programmes télévisés, les procédures arbitrales et même les procès. En d’autres termes, leurs activités chevauchent en partie celles de l’interprétation de liaison, l’interprétation judiciaire et l’interprétation des médias.] (Notre traduction)

  1. Le marché de l’interprétation 

Selon (George S. Day 1979, p. 85), le marché est un ensemble de produits jugés comme similaires, dans les situations d’usage dans lesquelles des tendances de bénéfices sont recherchés, et les consommateurs pour qui ces usages sont pertinents.

En interprétation de conférence, selon (AIIC, Le Marché privé de l’Interprétation, 2018), le marché peut être défini comme la plateforme permettant de réunir les clients et les pourvoyeurs de services, dans ce cas de figure, les interprètes. Dépendant des contextes, les clients commerciaux et d’autres types de clients s’adressent, pour leurs besoins, à des interprètes indépendants (dits aussi free-lance) et/ou à des interprètes institutionnels.

2. Étude du marché de l’interprétation 

Une étude de marché est un travail d’exploration destiné à analyser, mesurer et comprendre le fonctionnement réel des forces à l’Å“uvre dans le cadre d’un marché. Il s’agit d’une activité typiquement mise en Å“uvre dans le cadre de la réflexion marketing (Carre, 2015, p. 10).

Dans le cadre du marché de la traduction et de l’interprétation, puisqu’elles sont des professions sœurs, on peut citer l’exemple des travaux de (DePalma, Pielmeier, Henderson et Stewart, 2015, p.115) qui ont effectué une étude de marché dont les enseignements sont grandement édifiants. Pour ce faire, ils dégagent des aspects caractéristiques à ce marché tels que la demande et l’offre, les outils technologiques du secteur, le classement des prestataires de services linguistiques, etc., pour au final examiner le rapport entre l’industrie des services linguistiques et la technologie qui l’appuient.

Notre étude, elle se focalisera, ainsi, de manière directe sur les défis que rencontrent les acteurs du marché de l’interprétation de conférence notamment les défis professionnel, linguistique et d’ordre politique qui nuisent à la qualité des acteurs et par conséquent le marché. A cela s’ajoutent les recommandations et solutions ayant pour but de remédier à ces défis.

 

REVUE EMPIRIQUE 

D’emblée, la présente étude, sur le plan empirique, n’est qu’une suite naturelle dans le champ de la recherche scientifique. Cependant, presque aucune étude, au Soudan, n’a été menée sur le marché de l’interprétation de conférence. Ce manque de recherches fournies dans ce pays nous amène quelque part en Afrique. En Algérie, (Ben Aouda 2017, pp129-137) aborde, dans son article intitulé « La formation du traducteur/interprète officiel en Algérie : état des lieux», la formation universitaire du traducteur/ interprète et le monde professionnel en mettant l’accent sur le domaine de la traduction officielle et son évolution en Algérie. L’auteur aborde brièvement les aptitudes requises pour le traducteur /interprète officiel.

Quant à Fatani (2009), en Arabie Saoudite, offre la première analyse de marché du secteur de la traduction en Arabie saoudite. Elle présente les résultats d’un projet financé en 2006, dont l’objectif était d’étudier l’état de l’industrie de la traduction en Arabie saoudite et de décrire les pratiques et les exigences de la vie professionnelle afin que les étudiants et les traducteurs soient tenus au courant des évolutions rapides de la profession.

Au Burundi, Nkurunziza a mené une étude exploratoire sur le statut de la profession de traducteur au Burundi. Elle part du principe que l’on sait peu de choses sur la profession de traducteur au Burundi. Cette étude examine le sujet susmentionné en s’appuyant sur trois objectifs principaux qui sont : Déterminer le profil professionnel des traducteurs au Burundi, déterminer le statut de la profession de traduction au Burundi, et évaluer la contribution des enseignants de traduction à l’université au Burundi pour promouvoir la reconnaissance publique de la profession de traduction.

En Algérie, Nardjes FRIOUI et Leila BOUKHEMIS ont mentionné que, dans leur article intitulé (Les qualités personnelles/qualifications professionnelles de l’interprète/traducteur salarié et leur impact dans la profession) que la contribution des traducteurs /interprètes dans la communication multilingue est sans cesse croissante car elle assure la promotion des divers échanges entre les communautés linguistiques. Raison pour laquelle le recrutement des traducteurs/interprètes est indispensable dans toutes les entreprises. Ensuite, elles se sont posé la question de savoir quelles sont les qualités personnelles et les qualifications professionnelles requises pour les traducteurs/interprètes salariés ? Elles pensent que le fait de déterminer ces qualités et qualifications facilite l’exercice de la fonction sur le terrain et permettra d’élaborer un programme académique qui met en évidence l’importance du profil personnel du traducteur/ interprète en adéquation avec le marché du travail. La formation académique en profitera également en mettant en évidence la polyvalence inhérente au traducteur/ interprète salarié comme étant une exigence professionnelle plutôt qu’une qualité.

CADRE THEORIQUE 

Quant au plan théorique, nous nous sommes servis de deux théories qui sous-tendent notre étude à savoir : la théorie interprétative et la théorie des traits.

1. La théorie interprétative 

La théorie interprétative doit essentiellement son origine à Danica Seleskovitch (1921-2001) et Marianne Lederer. Pourtant, elle compte aujourd’hui de nombreux adeptes et promoteurs en particulier dans le monde francophone.

Selon Herbulot (2004), il s’agit de « déverbaliser », après avoir compris, puis de « reformuler » ou « ré-exprimer » ; et le plus grand mérite de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer est d’avoir montré à quel point ce processus est non seulement important, mais également naturel.

Cette théorie nous a permis de nous pencher sur les défis d’ordre linguistique qui rencontrent les interprètes sur le marché de l’interprétation de conférence.

2. La théorie des traits 

Selon la théorie des traits, un métier se développe pour devenir une profession en atteignant, entre autres, l’adhésion à un code d’éthique, un ensemble de connaissances théoriques, une autorisation d’exercer ou un enregistrement, et la loyauté envers les collègues. Les partisans de cette théorie ont conçu des listes de contrôle d’attributs qui peuvent être cochés pour déterminer dans quelle mesure une profession donnée a progressé vers la professionnalisation (Mikkelson, 2004 : 2).

Cette théorie sera utilisée afin d’identifier les défis auxquels sont confrontés les interprètes soudanais et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

METHODOLOGIES DU TRAVAIL 

Cette étude a utilisé une méthode à la fois quantitative et qualitative, une méthode mixte. Notre population cible de notre travail est composée de 22 interprètes exerçant sur le marché, d’un chef de département de langue à l’université du Soudan pour les sciences et la technologie et un vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum exerçant aussi comme interprètes ainsi qu’un chef cabinet d’interprétation.

Quant aux instruments de recherche, nous en avons utilisé deux à savoir : le questionnaire, pour des fins quantitatives, adressé aux interprètes exerçant sur le marché et le guide d’entretien, pour des fins qualitatives, adressé à certains corps administratifs « un chef de cabinet d’interprétation, un chef de département de langue et un vice-directeur de département de pédagogie Â». Ces deux questionnaires ont été conçus et envoyés à trente participants grâce à la technique d’échantiontillonage de boule de neige. Il convient, aussi, de noter que ces questionnaires ont été diffusés en ligne via des canaux de communication tels que WhatsApp et l’e-mail. A la fin de la période de collecte, nous avons reçu 22 réponses de la part des interprètes et 3 autres réponses de la part des corps administratifs. De plus, les questionnaires ont été créés sur Google Forms, permettant aux répondants d’y accéder et de les remplir à leur convenance. Ce logiciel nous a également permis d’analyser, d’une part, les données quantitatives de manière statistique et de générer des histogrammes et des diagrammes et d’analyser les données qualitatives issues des entretiens d’autre part. Quant aux considérations éthiques, enfin, nous avons fait en sorte de rassurer nos répondants, les interprètes comme les corps administratifs, du strict anonymat dans le traitement des informations qu’ils nous auront confiées.

PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 

Cette partie se focalise sur le profil professionnel des interprètes et sur les défis qu’ils rencontrent de nos jours sur le marché, les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation de conférence, les difficultés linguistiques confrontées par ces interprètes, l’impact des conflits politiques sur le travail des interprètes. De plus, la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées ainsi que la combinaison linguistique la plus sollicitée. La présentation de toutes ces données nous permettra l’identification des rencontrés par les interprètes de conférence tout en proposant des solutions pour y remédier et permettra à leur marché de se développer tant sur le plan professionnel qu’organisationnel.

    1. Le profil professionnel 

Cette question se renseigne sur le profil professionnel exercée par nos répondants. On trouve que la majorité écrasante des répondants exercent deux métiers, l’un principal et l’autre secondaire.

Tableau 1 : Répartition des interprètes selon le profil professionnel sur le marché de l’interprétation

En quoi consiste votre travail ? Fréquence Pourcentage Interprète professionnel à plein temps 1 4,5 % Interprète freelance qui travaille sur des projets ad hoc- Enseignement de langues 15 68,2 % Interprète employé par une agence à temps partiel- Traducteur- Enseignement de langue 2 9,1 % Je travaille pour une organisation internationale comme traducteur-interprète 1 (4,5%) Je travaille pour l’UNITAMS comme interprète communautaire 1 (4,5%) Je suis interprète consécutif pour une ONG internationale 1 (4,5%) Je travaille pour ONG internationale comme traducteur- interprète 1 (4,5%) Total 22 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Quant à la question de savoir quel est le profil professionnel exercé par les 22 participants, les données présentées dans le tableau 1 et le graphique 10 ci-dessus sont instructives. Premièrement, 1 interprète (soit 4,5 %) exerce en tant qu’interprète professionnel à plein temps. En revanche, la grande majorité, soit 17 interprètes (soit 77,3 %), travaillent en tant qu’interprètes freelance, intervenant sur des projets ad hoc, tout en ayant un rôle d’enseignant de langues. Enfin, 4 interprètes (soit 18,2 %) sont employés à temps partiel par une agence tout en étant également enseignants de langues.

Par conséquent, il est à noter que le profil de ces interprètes est double, oscillant entre le statut d’interprète à temps partiel ou indépendant, mais tous partagent une implication dans le domaine de l’enseignement des langues, à la différence d’un seul interprète professionnel qui se consacre entièrement à son travail d’interprétation à temps plein.

    1. Informations relatives aux différents défis confrontés par les interprètes sur le marché 

 

Tableau 2 : Les défis confrontés par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Manque de reconnaissance professionnelle et sociale 5 22,7 % Rémunération insuffisante pour les services d’interprétation 14 63,6 % Difficulté d’accéder à des formations spécialisées et de développement professionnel 8 36,4 % Disponibilité limitée d’équipements et de technologie d’interprétation 10 45,5 % Concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés 6 27,3 % Le marché de l’interprétation au Soudan est inondé d’interprètes non qualifiés 4 18,2% l’insuffisance des opportunités pour un grand nombre d’interprètes 7 31,8% Ensemble de réponses multiples 54 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes sur le marché de l’interprétation de nos jours, plusieurs problèmes ressortent des données du graphique 1 et du tableau 1. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le manque de reconnaissance professionnelle et sociale du métier qu’ils exercent.

Ensuite, 8 interprètes ont exprimé des difficultés à accéder à des formations spécialisées et au développement professionnel. De plus, 10 interprètes (soit 45,5 %) ont mentionné que la disponibilité limitée d’équipements et de technologie représente une contrainte majeure sur le marché.

Par ailleurs, 6 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné la concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés, tandis que 4 interprètes (soit 18,2 %) ont déploré que le marché de l’interprétation au Soudan soit inondé d’interprètes non qualifiés. Enfin, 7 interprètes (soit 31,8 %) ont indiqué qu’il y a un manque d’opportunités pour un grand nombre d’interprètes.

En analysant les données des entretiens, la société AUDIO, une institution de prestation de services d’interprétation de conférence et de traduction, qui possède un cabinet d’interprétation à Khartoum, a également souligné ces problèmes. 100 % d’eux ont noté que le manque de reconnaissance professionnelle et sociale est en partie dû à l’absence d’une association de traducteurs-interprètes qui pourrait promouvoir leur profession. Ce même pourcentage est exprimé par les deux personnes interviewées en la personne du chef du département de langues à l’université du Soudan pour la science et la technologie et le vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum partagent la même opinion. De plus, le directeur du cabinet et les deux interviewés ont relevé des difficultés similaires concernant l’accès à des formations spécialisées, le manque d’équipement technologique, et la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, ce qui signifie en pourcentage 100 %.

Il est important de noter que 100 % de l’institution et de nos autres interviewés- chef de du département des langues et le vice-directeur ont également souligné une baisse de la demande de services d’interprétation, ce qui a entraîné une rémunération plus faible à la fois au sein de leur institution et sur le marché soudanais.

En outre, l’institution a signalé un grave manque d’interprètes professionnels, ainsi que le départ d’interprètes expérimentés qui étaient présents sur le marché depuis des années.

Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation 

Ce point aborde les difficultés concernant la recherche d’emploi confrontées par nos répondants. Ainsi, nous voulons savoir si ces difficultés sont liées à quelles lacune ou insuffisances professionnelles.

Tableau 3 : Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation

Quelles sont les difficultés dans la recherche d’emploi en interprétation que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Peu d’offres d’emploi dans le secteur de l’interprétation 1O 45,5 % Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation simultanée 12 54,5 % Le recruteur demande une compétence particulière que vous n’avez pas 9 40,9 % C’est un cercle plutôt fermé où les clients vous appellent directement ou vous recommandent à d’autres structures quand ils sont satisfaits de votre prestation. 13 59,1 % Problèmes liés à la combinaison linguistique 5 22,7 % Non-maitrise des logiciels de visioconférence comme zoom, webex 6 27,3% Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive 3 13,6% Ensemble de réponses multiples 58 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes dans la recherche d’emploi sur le marché de l’interprétation, le graphique 2 et le tableau 2 ci-dessus présentent les résultats suivants:

Tout d’abord, 10 interprètes (soit 45,5%) ont mentionné que l’offre d’emploi en interprétation est limitée.

Ensuite, 12 interprètes (soit 54,5 %) ont signalé le manque d’expérience professionnelle en interprétation simultanée comme un obstacle majeur dans leur recherche d’emploi.

De plus, 9 diplômés (soit 40,9 %) se plaignent que les recruteurs exigent des compétences particulières qu’ils ne possèdent pas, ce qui rend leur recherche d’emploi plus difficile.

Par ailleurs, 13 répondants (soit 59,1 %) estiment que l’interprétation est un domaine relativement fermé, où les clients contactent directement les interprètes ou les recommandent à d’autres organisations s’ils sont satisfaits de leur travail.

De plus, 5 interprètes (soit 22,7%) ont soulevé des problèmes liés à la combinaison linguistique, ce qui peut rendre leur recherche d’emploi plus complexe.

En outre, 7 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné qu’ils ne maîtrisent pas les logiciels de vidéoconférence tels que Zoom ou Webex, ce qui peut être un obstacle dans un environnement de plus en plus numérique.

Enfin, 3 interprètes (soit 13,6 %) ont évoqué le manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive comme une difficulté dans leur recherche d’emploi.

Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes soudanais 

Cette question a été posée pour savoir les difficultés linguistiques confrontées par nos répondants sur le marché.

 

Tableau 4: Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés linguistiques que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Langues de travail peu courantes 5 22,7 % Vocabulaire spécialisé 14 63,6 % Variations dialectales 2 9,1 % Charge cognitive élevée 10 45,5 % Cohérence terminologique 10 45,5 % Accents étrangers 11 50% Flux de parole rapide 15 68,2% Absence de formation linguistique 15 68,2% Ensemble de réponses multiples 82 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés linguistiques que les interprètes rencontrent sur le marché de l’interprétation de nos jours, selon le graphique 3 et le tableau 3, plusieurs problèmes se dégagent. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le fait que les langues de travail qu’ils maîtrisent sont peu courantes sur le marché. De plus, 14 interprètes (soit 63,6 %) se plaignent des difficultés liées au vocabulaire spécialisé.

En outre, 2 interprètes (soit 9,1 %) ont mentionné qu’ils font face à la difficulté des variations dialectales sur le marché. Par ailleurs, 10 interprètes (soit 45,5 %) se plaignent de la charge cognitive. De manière similaire, 10 autres interprètes (soit 45,5 %) déplorent le manque de cohérence terminologique. Enfin, 11 interprètes (soit 50 %) font face à la difficulté des accents étrangers.

Pour couronner le tout, 15 interprètes (soit 68,2 %) indiquent avoir du mal avec le flux de parole rapide. De manière similaire, un pourcentage identique de 10 interprètes se plaint de l’absence de formation linguistique pour les interprètes.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect linguistique joue prépondérant dans le métier de l’interprète, surtout quand ce dernier est convoqué pour une conférence. Ce genre de conférences exige une préparation préalable de la part de l’interprète pour savoir la combinaison linguistique sollicitée pour la conférence ou l’atelier de travail, se familiariser avec la terminologie de la conférence et les informations de base y étant relatives ainsi que la préparation des glossaires pour les domaines dans lesquels les interprètes travaillent. Par conséquent, le manque de cet aspect peut entraîner la plupart du temps une mauvaise prestation chez l’interprète. Par ailleurs, le métier de l’interprétation vient en second lieu, tandis que les métiers tels l’enseignement, la médecine, la recherche scientifique, la sociologie et d’autres viennent en premier lieu. Cela est attribué au fait que le métier de l’interprétation est saisonnier. En outre, il expose les difficultés relatives aux qualités personnelles dont doit disposer l’interprète telles que les exercices de Shadowing qui aident à l’amélioration de l’efficacité de la mémoire, de la prononciation et la prestation personnelle des conférences etc.

Ces difficultés variées mettent en évidence les nombreux défis linguistiques auxquels les interprètes sont confrontés sur ce marché.

L’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Cette partie s’intéresse à l’impact des conflits politiques sur le marché de nos acteurs et l’ampleur de cet impact sur leurs activités génératrices.

 

Graphique 1 : Répartition de l’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Les résultats du graphique 4 ci-dessus montrent que parmi les 22 interprètes interrogés, 14 (soit 63,6 %) ont mentionné que les conflits politiques peuvent avoir un impact sur le travail des interprètes en raison de l’augmentation des opportunités de travail. En outre, parmi ces 22 interprètes, 9 (soit 40,9 %) signalent que ces conflits politiques peuvent avoir un impact sur leur travail en raison des risques pour leur sécurité personnelle. Enfin, parmi ces 22 interprètes, 8 (soit 36,4%) indiquent que les conflits politiques ont un impact sur leur travail en raison de l’augmentation de la demande d’interprétation.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect est attisé par la situation économique ; c’est-à- dire plus la situation économique est stable, moins les conflits politiques s’attisent. Il peut ainsi influencer la tenue des conférences internationales, réduire la présence des ONS internationales. En outre, il déclare que la dévaluation de la monnaie locale fait référence à la situation économique, sécuritaire et politique.

La gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Cette partie s’intéresse à la manière dont les acteurs gèrent les conflits liés à la disponibilité de ressources et formations en interprétation.

 

Graphique 2 : Répartition de la gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées par les interprètes soudanais, les résultats du graphique 16 ci-dessus ont montré que 18 interprètes (soit 81,8%) gèrent ces défis en créant des programmes de formation pour eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils s’auto-forment sans suivre une formation professionnelle formelle. D’autre part, 14 autres interprètes (soit 63,6%) indiquent qu’ils recherchent des formations en ligne. Il convient de noter que ces formations en ligne ne sont pas accréditées et ne sont pas suivies au sein d’établissements reconnus.

 

La combinaison la plus sollicitée sur le marché

Cette question a été posée pour connaitre la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché.

 

Graphique 3 : Répartition de la combinaison la plus sollicitée sur le marché

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la combinaison linguistique la plus demandée pour l’interprétation au Soudan, nous avons obtenu, selon le graphique 17 ci-dessus, les résultats suivants :

– Anglais-Arabe : 18 des interprètes (soit 81,8 %) indiquent que c’est la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché de l’interprétation.

– Français-Arabe : Cette combinaison linguistique est utilisée par 17 interprètes (soit 77,3 %), ce qui en fait la deuxième combinaison la plus demandée sur le marché de l’interprétation. Il est important de noter que l’arabe est considéré comme langue A au Soudan.

РArabe-Anglais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 11 interpr̬tes (soit 50%).

РArabe-Fran̤ais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 9 interpr̬tes (soit 40,9%).

Il est ̩galement important de noter que les deux langues (Anglais РFran̤ais) sont consid̩r̩es comme des langues B sur le march̩.

Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes travaillant sur le marché

Cette section se penche sur les solutions et recommandations proposées en vue d’une meilleure amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes exerçant sur le marché de l’interprétation au Soudan.

 

Tableau 5: Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes sur le marché de l’interprétation au Soudan

Quelles solutions et recommandations proposez- vous pour améliorer les conditions et qualifications professionnelles du marché de l’interprétation au Soudan ? Fréquence Pourcentage Promouvoir l’apprentissage des langues étrangères au sein de la population 18 81,8 % Etablir des partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure 12 54,5 % Organiser des événements internationaux et des conférences au Soudan 13 59,1 % Améliorer les infrastructures pour accueillir des événements internationaux 18 81,8 % Etablir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence au Soudan 20 90,9 % Formation sur l’usage des logiciels de visioconférence 19 86,4% Il faut une organisation du marché de l’interprétation 20 90,9% Créer une association des Interprètes et Traducteurs au Soudan 20 90,9% Total 22 100 %

Source : enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché

Le graphique 7 et le tableau 4 présentent les diverses solutions et recommandations formulées par les interprètes exerçant sur le marché. Pour résoudre les problèmes liés aux perspectives du marché de l’interprétation au Soudan, diverses recommandations ont été émises.

D’une part, 18 interprètes (soit 81,8 %) préconisent la promotion des langues étrangères au sein du pays. En outre, 12 interprètes (soit 54,5 %) recommandent l’établissement de partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure, tandis que 13 autres interprètes (soit 59,1 %) encouragent l’organisation d’événements internationaux et de conférences au Soudan. De plus, 18 interprètes (soit 81,8 %) suggèrent l’amélioration des infrastructures pour accueillir des événements internationaux.

D’autre part, 20 interprètes (soit 90,9 %) considèrent qu’il est nécessaire d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. De plus, 19 interprètes (soit 86,4%) soutiennent la nécessité d’une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence. Par ailleurs, 20 autres interprètes (soit 90,9 %) plaident en faveur de l’organisation du marché de l’interprétation de conférence au Soudan. Enfin, 20 interprètes (soit 90,9 %) recommandent la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan afin d’exploiter le potentiel des interprètes soudanais sur le marché.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière d’autres recommandations. Selon les personnes interviewées en la personne du chef département de langues à l’université du Soudan et du vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum (100%), exerçant aussi comme interprètes, il est fortement recommandé d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence pour former des interprètes performants sur le marché. De plus, elles plaident pour une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence, notamment pour permettre le travail à distance, ce qui est particulièrement pertinent en période de conflits. Les personnes interviewées (100%) insistent sur la création d’une association des interprètes-traducteurs pour promouvoir les interprètes auprès des consulats, ambassades et ONG internationales présents dans le pays. Par ailleurs, selon les deux interviewés (100%), il est important d’organiser le marché de l’interprétation au Soudan, car le marché actuel manque d’organisation et ne respecte pas les normes relatives aux codes de déontologie du métier, ce qui limite les opportunités et entrave le développement du marché. Ils considèrent également qu’il est essentiel de former en priorité les diplômés et les interprètes non professionnels ici ou à l’étranger afin qu’ils puissent à leur tour de former d’autres non professionnels souhaitant travailler sur le marché de l’interprétation au Soudan. D’une part, le chef du département recommande l’amélioration du contexte politique en laissant la venue des ONGS internationales soit tolérée par le gouvernement conformément aux termes et accords de références de l’Etat, ce qui aide à l’élargissement du marché de l’interprétation au pays. Il recommande également que les interprètes doivent développer leurs compétences professionnelles et qualités personnelles pour être performant et concurrencer sur le marché. D’autre part, il est pour la création d’une association professionnelle des interprètes qui doit avoir pour objectif de remédier aux défis auxquels les interprètes sont confrontés tels que la non-reconnaissance professionnelle de leur métier, la mauvaise connaissance de l’éthique du métier etc.

Selon lui, cette association professionnelle peut jouer un rôle crucial dans l’organisation du marché de l’interprétation et participer à la promotion de ses membres. Enfin, le directeur du cabinet d’interprétation de la société AUDIO, une institution privé de prestation des services des langues, met l’accent sur la création d’une école d’interprétation à part entière, soutenant ainsi l’idée de permettre aux personnes désireuses de bénéficier d’une formation complète en interprétation pour être performantes sur le marché de l’emploi. Selon lui, il est crucial d’organiser le marché de la profession de l’interprétation conformément aux réglementations de la pratique, tout en créant une association des traducteurs-interprètes qui pourrait régir le marché et faire la publicité de ses membres.

CONCLUSION

Cette étude a bien permis d’identifier les divers défis auxquels les interprètes au Soudan font face, notamment le manque de formation spécialisée et de reconnaissance professionnelle et sociale, la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, la rareté des langues de travail et la charge cognitive. Cependant, les pistes de solution proposées ont le potentiel d’améliorer considérablement leurs conditions et qualifications professionnelles. Il est désormais essentiel de mettre en Å“uvre ces recommandations pour renforcer le secteur de l’interprétation de conférence au Soudan. Cette étude, à cet effet, propose, pour remédier à ces défis améliorer les conditions et qualifications professionnelles, les recommandations suivantes :

la création d’écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. Il est important de noter que les interprètes interrogés dans cette étude n’ont pas été formés dans des écoles de formation pour améliorer la qualité du marché.

Pour une meilleure amélioration de la qualité du marché, il faut une organisation de ce marché conformément aux réglementations de la pratique, car nous avons remarqué que les interrogés se sont plaints d’une mauvaise organisation dudit marché.

La création d’une association des traducteurs- interprètes pour régir les règlements du marché et faire la publicité de ses membres. Une association qui aura pour objectif de maximiser les acquis et corriger les insuffisances à travers l’auto-évaluation de ses membres.

La formation sur les technologies de l’information et de la communication, les logiciels de visioconférence. En effet, des catastrophes telles que la covid-19, les conflits nécessitent le recours aux conférences en ligne pour réduire le déplacement des interprètes. Par conséquent, le fait de maitriser ces technologies est une priorité pour ce métier étant donné qu’il est une ressource génératrice principale.

La promotion des langues étrangères dans le pays.

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Cite this Article:

Abubaker, AA; Gandu, S (2024). Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan. Greener Journal of Social Sciences, 14(1): 1-12.

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Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

Abubaker, AA; Gandu, S (2024). Greener Journal of Social Sciences, 14(1): 1-12.

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Vol. 14(1), pp. 1-12, 2024

ISSN: 2276-7800

Copyright ©2024, Creative Commons Attribution 4.0 International.

https://gjournals.org/GJSC

Article’s title and authors

Title in English

Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

Title in French

Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan

 

Abubaker, Abdallah Abdelrahim1; Gandu, Sebastien (PhD)1

1École Supérieure de Traducteurs et Interprètes (ASTI) et l’Institut Panafricain de Gouvernance, Sciences Humaines et Sociales (PAUGHSS)

Cameroun

ARTICLE’S INFO

Article No.: 010624002

Type: Research

Full Text: PDF, PHP, HTML, EPUB, MP3 Accepted: 06/01/2024

Published: 19/01/2024 *Corresponding Author

Abubaker, AA

E-mail: benhoome991@ hotmail.com, sgandu2000@ yahoo.com

Tel: +237 677366047 Keywords: Interpreting, conference interpreting market, challenges, prospects

Mots clés : Interprétation, marché de l’interprétation de conférence, défis, perspectives.              

Abstract

The aim of this article, entitled “Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan “, is to identify the challenges faced by Sudanese interpreters and to propose solutions and ways of improving the conditions and qualifications of these interpreters working on the market. To achieve our objectives, we used a mixed methodology of data analysis. Quantitative and qualitative data from 22 questionnaires and 03 semi-structured interviews were analysed and interpreted using trait theory and interpretive theory. The data collected reveal that professional, linguistic and political difficulties are the main challenges they face. Among the recommendations suggested for improving professional qualifications, the creation of a professional training school in conference interpreting, the organisation of the conference interpreting market, the creation of an association of interpreters and translators in Sudan, training in information technology as well as the promotion of foreign languages in the country.

Résumé

Ce présent article intitulé « Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan Â» a pour objectifs d’identifier les défis rencontrés par les interprètes soudanais et de proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications de ces interprètes travaillant sur le marché. Pour atteindre nos objectifs, nous avons utilisé une méthodologie mixte d’analyse de données. Des données quantitatives et qualitatives de 22 questionnaires et 03 entretiens semi-directifs ont été analysées et interprétées en se basant sur la théorie des traits et la théorie interprétative. Les données collectées révèlent d’abord que, selon nos interrogés, les difficultés professionnelles, linguistiques et politiques constituent des principaux défis auxquels ils sont confrontés. En conclusion, parmi les recommandations suggérées pour l’amélioration des conditions qualifications professionnelles, nous avons la création d’école de formation professionnelle en interprétation de conférence, l’organisation du marché d’interprétation de conférence, la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan, la formation sur les technologies de l’information ainsi que la promotion des langues étrangères dans le pays.

   

INTRODUCTION

Il convient, de prime abord, de noter que l’interprétation est, selon l’expression consacrée, un métier « aussi vieux que le monde Â» depuis les nuits des temps jusqu’à nos jours. Cette pratique qui sert de pont d’échanges culturels et sociaux est devenue une source de revenu pour autant d’interprètes à travers le monde.

D’ailleurs, On peut dire que l’histoire de l’ Â« Interprétation Â» au Soudan est passée par plusieurs époques qui y ont marqué la présence des langues étrangères. L’arrivée des Arabes au Soudan, l’esclavage, la colonisation, l’occupation turco-égyptienne sont tous des époques qui ont contribué à la pratique de l’interprétation au Soudan. Il est à noter que le Soudan, à la base, n’était pas un pays arabophone, mais il était un pays comme tout autre pays africain avant la colonisation où il y a cette présence intense des langues nationales, où toute tribu a sa propre langue et donc sa propre culture.

Avant la colonisation, vu le caractère multilingue du Soudan, la communication entre le peuple soudanais se faisait par l’interprétation, appelée à l’époque Traduction. L’histoire du Soudan a été en grande partie transmise par la tradition orale et les premiers détenteurs de ce savoir ancestral ont joué un rôle de traducteur/interprète avant, pendant et après la période coloniale Pendant la colonisation, la traduction et l’interprétation sont devenues indispensables vu la nécessité de répondre aux besoins de communication entre les Soudanais et les Britanniques, ce qui était naturel. Ce qu’il faut, peut-être, souligner ici c’est que les colonies anglaises étaient un peu différentes de celles françaises parce que la forme d’administration employée par les deux colons n’était pas la même. Par exemple, la culture importait peu pour les Anglais, contrairement aux Français pour qui l’implantation de la langue et de la culture était nécessaire à l’ancrage de la colonisation, d’où le fait que dans les colonies françaises, la langue du colonisateur était la seule qui servait de communication. Au Soudan, la situation était différente. Parce que les langues nationales et l’arabe, déjà utilisés comme langues de communication entre les Soudanais, ont continué à coexister avec l’anglais.

D’évidence, aujourd’hui, le marché de l’interprétation de conférence au Soudan a connu un développement croissant grâce aux échanges mondiaux, ONGS internationales et compagnies d’investissement étrangères dans les domaines minier, pétrolier, agricole, etc. Ces compagnies étrangères, qui ne connaissent pas la langue du pays hôte, font recours aux services d’interprétation de conférence auprès des acteurs du marché qui sont soit interprètes indépendants ou travaillant pour un cabinet d’interprétation.

Nous avons, néanmoins, fait le constat que ces acteurs du marché font face à une série de défis sur le plan professionnel, linguistique et d’ordre politique. A cet égard, cet article se propose de répondre à deux questions à savoir : quels sont les défis auxquels sont confrontés les interprètes de conférence sur le marché ? Et comment peut-on améliorer les conditions et qualifications professionnelles de ces interprètes pour remédier à ces défis ?

La présente étude vise à identifier les défis rencontrés par les interprètes sur le marché de l’interprétation et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

NOTIONS DE CONCEPTS CLES 

Dans cette partie, nous nous focaliserons sur la définition de concepts clés à savoir : l’interprétation de conférence, le marché de l’interprétation de conférence et l’étude du marché de l’interprétation de conférence.

    1. Interprétation de conférence 

Il convient, d’une part, d’affirmer que la notion d’interprétation de conférence admet une pluralité d’acceptions. Elle désigne, sur le plan linguistique, le transfert d’un message oral dans une langue par un même message équivalent dans une autre langue en prenant en compte le contexte situationnel du message. Giambagli (1999 : p. 200) estime que :

L’interprétation de conférence est une activité dont le produit fini, c’est-á-dire le discours-interprété, représente l’aboutissement d’un parcours de traitement de l’information linguistique et extralinguistique, à savoir co-textuelle, contextuelle, situationnelle et pragmatique, articulé et complexe.

D’autre part, dans son acception de profession, l’appellation de ce terme nous amène à penser que la pratique de l’interprétation de conférence se fait, justement, dans des salles de conférence. Il serait bon, néanmoins, de noter que la réalité est bien toute autre chose comme le précise D. Gile :

In spite of what the name conference interpreting suggests, conference interpreters work not only in conferences, but also in other settings, including meetings of committees and working groups in international organizations, visits of personalities, meetings of boards of directors of large corporations, medical, information technology, economic and other scientific and technical training seminars, TV programs, arbitration proceedings, and even court trials. In other words, their activity partly overlaps with liaison interpreting, court interpreting and media interpreting (Gile, 2006, p. 74).

[Malgré ce que laisse entendre le nom interprétation de conférence, les interprètes de conférence ne travaillent pas uniquement dans des salles de conférences, mais également dans d’autres cadres y compris les rencontres des comités et groupes de travail d’organisations internationales, les visites de personnalités, les rencontres des conseils des directeurs des grandes multinationales, des séminaires sur la santé, la technologie de l’information, l’économie et d’autres séminaires scientifiques et de formation technique, des programmes télévisés, les procédures arbitrales et même les procès. En d’autres termes, leurs activités chevauchent en partie celles de l’interprétation de liaison, l’interprétation judiciaire et l’interprétation des médias.] (Notre traduction)

  1. Le marché de l’interprétation 

Selon (George S. Day 1979, p. 85), le marché est un ensemble de produits jugés comme similaires, dans les situations d’usage dans lesquelles des tendances de bénéfices sont recherchés, et les consommateurs pour qui ces usages sont pertinents.

En interprétation de conférence, selon (AIIC, Le Marché privé de l’Interprétation, 2018), le marché peut être défini comme la plateforme permettant de réunir les clients et les pourvoyeurs de services, dans ce cas de figure, les interprètes. Dépendant des contextes, les clients commerciaux et d’autres types de clients s’adressent, pour leurs besoins, à des interprètes indépendants (dits aussi free-lance) et/ou à des interprètes institutionnels.

2. Étude du marché de l’interprétation 

Une étude de marché est un travail d’exploration destiné à analyser, mesurer et comprendre le fonctionnement réel des forces à l’Å“uvre dans le cadre d’un marché. Il s’agit d’une activité typiquement mise en Å“uvre dans le cadre de la réflexion marketing (Carre, 2015, p. 10).

Dans le cadre du marché de la traduction et de l’interprétation, puisqu’elles sont des professions sœurs, on peut citer l’exemple des travaux de (DePalma, Pielmeier, Henderson et Stewart, 2015, p.115) qui ont effectué une étude de marché dont les enseignements sont grandement édifiants. Pour ce faire, ils dégagent des aspects caractéristiques à ce marché tels que la demande et l’offre, les outils technologiques du secteur, le classement des prestataires de services linguistiques, etc., pour au final examiner le rapport entre l’industrie des services linguistiques et la technologie qui l’appuient.

Notre étude, elle se focalisera, ainsi, de manière directe sur les défis que rencontrent les acteurs du marché de l’interprétation de conférence notamment les défis professionnel, linguistique et d’ordre politique qui nuisent à la qualité des acteurs et par conséquent le marché. A cela s’ajoutent les recommandations et solutions ayant pour but de remédier à ces défis.

 

REVUE EMPIRIQUE 

D’emblée, la présente étude, sur le plan empirique, n’est qu’une suite naturelle dans le champ de la recherche scientifique. Cependant, presque aucune étude, au Soudan, n’a été menée sur le marché de l’interprétation de conférence. Ce manque de recherches fournies dans ce pays nous amène quelque part en Afrique. En Algérie, (Ben Aouda 2017, pp129-137) aborde, dans son article intitulé « La formation du traducteur/interprète officiel en Algérie : état des lieux», la formation universitaire du traducteur/ interprète et le monde professionnel en mettant l’accent sur le domaine de la traduction officielle et son évolution en Algérie. L’auteur aborde brièvement les aptitudes requises pour le traducteur /interprète officiel.

Quant à Fatani (2009), en Arabie Saoudite, offre la première analyse de marché du secteur de la traduction en Arabie saoudite. Elle présente les résultats d’un projet financé en 2006, dont l’objectif était d’étudier l’état de l’industrie de la traduction en Arabie saoudite et de décrire les pratiques et les exigences de la vie professionnelle afin que les étudiants et les traducteurs soient tenus au courant des évolutions rapides de la profession.

Au Burundi, Nkurunziza a mené une étude exploratoire sur le statut de la profession de traducteur au Burundi. Elle part du principe que l’on sait peu de choses sur la profession de traducteur au Burundi. Cette étude examine le sujet susmentionné en s’appuyant sur trois objectifs principaux qui sont : Déterminer le profil professionnel des traducteurs au Burundi, déterminer le statut de la profession de traduction au Burundi, et évaluer la contribution des enseignants de traduction à l’université au Burundi pour promouvoir la reconnaissance publique de la profession de traduction.

En Algérie, Nardjes FRIOUI et Leila BOUKHEMIS ont mentionné que, dans leur article intitulé (Les qualités personnelles/qualifications professionnelles de l’interprète/traducteur salarié et leur impact dans la profession) que la contribution des traducteurs /interprètes dans la communication multilingue est sans cesse croissante car elle assure la promotion des divers échanges entre les communautés linguistiques. Raison pour laquelle le recrutement des traducteurs/interprètes est indispensable dans toutes les entreprises. Ensuite, elles se sont posé la question de savoir quelles sont les qualités personnelles et les qualifications professionnelles requises pour les traducteurs/interprètes salariés ? Elles pensent que le fait de déterminer ces qualités et qualifications facilite l’exercice de la fonction sur le terrain et permettra d’élaborer un programme académique qui met en évidence l’importance du profil personnel du traducteur/ interprète en adéquation avec le marché du travail. La formation académique en profitera également en mettant en évidence la polyvalence inhérente au traducteur/ interprète salarié comme étant une exigence professionnelle plutôt qu’une qualité.

CADRE THEORIQUE 

Quant au plan théorique, nous nous sommes servis de deux théories qui sous-tendent notre étude à savoir : la théorie interprétative et la théorie des traits.

1. La théorie interprétative 

La théorie interprétative doit essentiellement son origine à Danica Seleskovitch (1921-2001) et Marianne Lederer. Pourtant, elle compte aujourd’hui de nombreux adeptes et promoteurs en particulier dans le monde francophone.

Selon Herbulot (2004), il s’agit de « déverbaliser », après avoir compris, puis de « reformuler » ou « ré-exprimer » ; et le plus grand mérite de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer est d’avoir montré à quel point ce processus est non seulement important, mais également naturel.

Cette théorie nous a permis de nous pencher sur les défis d’ordre linguistique qui rencontrent les interprètes sur le marché de l’interprétation de conférence.

2. La théorie des traits 

Selon la théorie des traits, un métier se développe pour devenir une profession en atteignant, entre autres, l’adhésion à un code d’éthique, un ensemble de connaissances théoriques, une autorisation d’exercer ou un enregistrement, et la loyauté envers les collègues. Les partisans de cette théorie ont conçu des listes de contrôle d’attributs qui peuvent être cochés pour déterminer dans quelle mesure une profession donnée a progressé vers la professionnalisation (Mikkelson, 2004 : 2).

Cette théorie sera utilisée afin d’identifier les défis auxquels sont confrontés les interprètes soudanais et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

METHODOLOGIES DU TRAVAIL 

Cette étude a utilisé une méthode à la fois quantitative et qualitative, une méthode mixte. Notre population cible de notre travail est composée de 22 interprètes exerçant sur le marché, d’un chef de département de langue à l’université du Soudan pour les sciences et la technologie et un vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum exerçant aussi comme interprètes ainsi qu’un chef cabinet d’interprétation.

Quant aux instruments de recherche, nous en avons utilisé deux à savoir : le questionnaire, pour des fins quantitatives, adressé aux interprètes exerçant sur le marché et le guide d’entretien, pour des fins qualitatives, adressé à certains corps administratifs « un chef de cabinet d’interprétation, un chef de département de langue et un vice-directeur de département de pédagogie Â». Ces deux questionnaires ont été conçus et envoyés à trente participants grâce à la technique d’échantiontillonage de boule de neige. Il convient, aussi, de noter que ces questionnaires ont été diffusés en ligne via des canaux de communication tels que WhatsApp et l’e-mail. A la fin de la période de collecte, nous avons reçu 22 réponses de la part des interprètes et 3 autres réponses de la part des corps administratifs. De plus, les questionnaires ont été créés sur Google Forms, permettant aux répondants d’y accéder et de les remplir à leur convenance. Ce logiciel nous a également permis d’analyser, d’une part, les données quantitatives de manière statistique et de générer des histogrammes et des diagrammes et d’analyser les données qualitatives issues des entretiens d’autre part. Quant aux considérations éthiques, enfin, nous avons fait en sorte de rassurer nos répondants, les interprètes comme les corps administratifs, du strict anonymat dans le traitement des informations qu’ils nous auront confiées.

PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 

Cette partie se focalise sur le profil professionnel des interprètes et sur les défis qu’ils rencontrent de nos jours sur le marché, les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation de conférence, les difficultés linguistiques confrontées par ces interprètes, l’impact des conflits politiques sur le travail des interprètes. De plus, la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées ainsi que la combinaison linguistique la plus sollicitée. La présentation de toutes ces données nous permettra l’identification des rencontrés par les interprètes de conférence tout en proposant des solutions pour y remédier et permettra à leur marché de se développer tant sur le plan professionnel qu’organisationnel.

    1. Le profil professionnel 

Cette question se renseigne sur le profil professionnel exercée par nos répondants. On trouve que la majorité écrasante des répondants exercent deux métiers, l’un principal et l’autre secondaire.

Tableau 1 : Répartition des interprètes selon le profil professionnel sur le marché de l’interprétation

En quoi consiste votre travail ? Fréquence Pourcentage Interprète professionnel à plein temps 1 4,5 % Interprète freelance qui travaille sur des projets ad hoc- Enseignement de langues 15 68,2 % Interprète employé par une agence à temps partiel- Traducteur- Enseignement de langue 2 9,1 % Je travaille pour une organisation internationale comme traducteur-interprète 1 (4,5%) Je travaille pour l’UNITAMS comme interprète communautaire 1 (4,5%) Je suis interprète consécutif pour une ONG internationale 1 (4,5%) Je travaille pour ONG internationale comme traducteur- interprète 1 (4,5%) Total 22 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Quant à la question de savoir quel est le profil professionnel exercé par les 22 participants, les données présentées dans le tableau 1 et le graphique 10 ci-dessus sont instructives. Premièrement, 1 interprète (soit 4,5 %) exerce en tant qu’interprète professionnel à plein temps. En revanche, la grande majorité, soit 17 interprètes (soit 77,3 %), travaillent en tant qu’interprètes freelance, intervenant sur des projets ad hoc, tout en ayant un rôle d’enseignant de langues. Enfin, 4 interprètes (soit 18,2 %) sont employés à temps partiel par une agence tout en étant également enseignants de langues.

Par conséquent, il est à noter que le profil de ces interprètes est double, oscillant entre le statut d’interprète à temps partiel ou indépendant, mais tous partagent une implication dans le domaine de l’enseignement des langues, à la différence d’un seul interprète professionnel qui se consacre entièrement à son travail d’interprétation à temps plein.

    1. Informations relatives aux différents défis confrontés par les interprètes sur le marché 

 

Tableau 2 : Les défis confrontés par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Manque de reconnaissance professionnelle et sociale 5 22,7 % Rémunération insuffisante pour les services d’interprétation 14 63,6 % Difficulté d’accéder à des formations spécialisées et de développement professionnel 8 36,4 % Disponibilité limitée d’équipements et de technologie d’interprétation 10 45,5 % Concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés 6 27,3 % Le marché de l’interprétation au Soudan est inondé d’interprètes non qualifiés 4 18,2% l’insuffisance des opportunités pour un grand nombre d’interprètes 7 31,8% Ensemble de réponses multiples 54 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes sur le marché de l’interprétation de nos jours, plusieurs problèmes ressortent des données du graphique 1 et du tableau 1. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le manque de reconnaissance professionnelle et sociale du métier qu’ils exercent.

Ensuite, 8 interprètes ont exprimé des difficultés à accéder à des formations spécialisées et au développement professionnel. De plus, 10 interprètes (soit 45,5 %) ont mentionné que la disponibilité limitée d’équipements et de technologie représente une contrainte majeure sur le marché.

Par ailleurs, 6 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné la concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés, tandis que 4 interprètes (soit 18,2 %) ont déploré que le marché de l’interprétation au Soudan soit inondé d’interprètes non qualifiés. Enfin, 7 interprètes (soit 31,8 %) ont indiqué qu’il y a un manque d’opportunités pour un grand nombre d’interprètes.

En analysant les données des entretiens, la société AUDIO, une institution de prestation de services d’interprétation de conférence et de traduction, qui possède un cabinet d’interprétation à Khartoum, a également souligné ces problèmes. 100 % d’eux ont noté que le manque de reconnaissance professionnelle et sociale est en partie dû à l’absence d’une association de traducteurs-interprètes qui pourrait promouvoir leur profession. Ce même pourcentage est exprimé par les deux personnes interviewées en la personne du chef du département de langues à l’université du Soudan pour la science et la technologie et le vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum partagent la même opinion. De plus, le directeur du cabinet et les deux interviewés ont relevé des difficultés similaires concernant l’accès à des formations spécialisées, le manque d’équipement technologique, et la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, ce qui signifie en pourcentage 100 %.

Il est important de noter que 100 % de l’institution et de nos autres interviewés- chef de du département des langues et le vice-directeur ont également souligné une baisse de la demande de services d’interprétation, ce qui a entraîné une rémunération plus faible à la fois au sein de leur institution et sur le marché soudanais.

En outre, l’institution a signalé un grave manque d’interprètes professionnels, ainsi que le départ d’interprètes expérimentés qui étaient présents sur le marché depuis des années.

Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation 

Ce point aborde les difficultés concernant la recherche d’emploi confrontées par nos répondants. Ainsi, nous voulons savoir si ces difficultés sont liées à quelles lacune ou insuffisances professionnelles.

Tableau 3 : Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation

Quelles sont les difficultés dans la recherche d’emploi en interprétation que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Peu d’offres d’emploi dans le secteur de l’interprétation 1O 45,5 % Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation simultanée 12 54,5 % Le recruteur demande une compétence particulière que vous n’avez pas 9 40,9 % C’est un cercle plutôt fermé où les clients vous appellent directement ou vous recommandent à d’autres structures quand ils sont satisfaits de votre prestation. 13 59,1 % Problèmes liés à la combinaison linguistique 5 22,7 % Non-maitrise des logiciels de visioconférence comme zoom, webex 6 27,3% Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive 3 13,6% Ensemble de réponses multiples 58 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes dans la recherche d’emploi sur le marché de l’interprétation, le graphique 2 et le tableau 2 ci-dessus présentent les résultats suivants:

Tout d’abord, 10 interprètes (soit 45,5%) ont mentionné que l’offre d’emploi en interprétation est limitée.

Ensuite, 12 interprètes (soit 54,5 %) ont signalé le manque d’expérience professionnelle en interprétation simultanée comme un obstacle majeur dans leur recherche d’emploi.

De plus, 9 diplômés (soit 40,9 %) se plaignent que les recruteurs exigent des compétences particulières qu’ils ne possèdent pas, ce qui rend leur recherche d’emploi plus difficile.

Par ailleurs, 13 répondants (soit 59,1 %) estiment que l’interprétation est un domaine relativement fermé, où les clients contactent directement les interprètes ou les recommandent à d’autres organisations s’ils sont satisfaits de leur travail.

De plus, 5 interprètes (soit 22,7%) ont soulevé des problèmes liés à la combinaison linguistique, ce qui peut rendre leur recherche d’emploi plus complexe.

En outre, 7 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné qu’ils ne maîtrisent pas les logiciels de vidéoconférence tels que Zoom ou Webex, ce qui peut être un obstacle dans un environnement de plus en plus numérique.

Enfin, 3 interprètes (soit 13,6 %) ont évoqué le manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive comme une difficulté dans leur recherche d’emploi.

Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes soudanais 

Cette question a été posée pour savoir les difficultés linguistiques confrontées par nos répondants sur le marché.

 

Tableau 4: Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés linguistiques que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Langues de travail peu courantes 5 22,7 % Vocabulaire spécialisé 14 63,6 % Variations dialectales 2 9,1 % Charge cognitive élevée 10 45,5 % Cohérence terminologique 10 45,5 % Accents étrangers 11 50% Flux de parole rapide 15 68,2% Absence de formation linguistique 15 68,2% Ensemble de réponses multiples 82 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés linguistiques que les interprètes rencontrent sur le marché de l’interprétation de nos jours, selon le graphique 3 et le tableau 3, plusieurs problèmes se dégagent. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le fait que les langues de travail qu’ils maîtrisent sont peu courantes sur le marché. De plus, 14 interprètes (soit 63,6 %) se plaignent des difficultés liées au vocabulaire spécialisé.

En outre, 2 interprètes (soit 9,1 %) ont mentionné qu’ils font face à la difficulté des variations dialectales sur le marché. Par ailleurs, 10 interprètes (soit 45,5 %) se plaignent de la charge cognitive. De manière similaire, 10 autres interprètes (soit 45,5 %) déplorent le manque de cohérence terminologique. Enfin, 11 interprètes (soit 50 %) font face à la difficulté des accents étrangers.

Pour couronner le tout, 15 interprètes (soit 68,2 %) indiquent avoir du mal avec le flux de parole rapide. De manière similaire, un pourcentage identique de 10 interprètes se plaint de l’absence de formation linguistique pour les interprètes.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect linguistique joue prépondérant dans le métier de l’interprète, surtout quand ce dernier est convoqué pour une conférence. Ce genre de conférences exige une préparation préalable de la part de l’interprète pour savoir la combinaison linguistique sollicitée pour la conférence ou l’atelier de travail, se familiariser avec la terminologie de la conférence et les informations de base y étant relatives ainsi que la préparation des glossaires pour les domaines dans lesquels les interprètes travaillent. Par conséquent, le manque de cet aspect peut entraîner la plupart du temps une mauvaise prestation chez l’interprète. Par ailleurs, le métier de l’interprétation vient en second lieu, tandis que les métiers tels l’enseignement, la médecine, la recherche scientifique, la sociologie et d’autres viennent en premier lieu. Cela est attribué au fait que le métier de l’interprétation est saisonnier. En outre, il expose les difficultés relatives aux qualités personnelles dont doit disposer l’interprète telles que les exercices de Shadowing qui aident à l’amélioration de l’efficacité de la mémoire, de la prononciation et la prestation personnelle des conférences etc.

Ces difficultés variées mettent en évidence les nombreux défis linguistiques auxquels les interprètes sont confrontés sur ce marché.

L’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Cette partie s’intéresse à l’impact des conflits politiques sur le marché de nos acteurs et l’ampleur de cet impact sur leurs activités génératrices.

 

Graphique 1 : Répartition de l’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Les résultats du graphique 4 ci-dessus montrent que parmi les 22 interprètes interrogés, 14 (soit 63,6 %) ont mentionné que les conflits politiques peuvent avoir un impact sur le travail des interprètes en raison de l’augmentation des opportunités de travail. En outre, parmi ces 22 interprètes, 9 (soit 40,9 %) signalent que ces conflits politiques peuvent avoir un impact sur leur travail en raison des risques pour leur sécurité personnelle. Enfin, parmi ces 22 interprètes, 8 (soit 36,4%) indiquent que les conflits politiques ont un impact sur leur travail en raison de l’augmentation de la demande d’interprétation.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect est attisé par la situation économique ; c’est-à- dire plus la situation économique est stable, moins les conflits politiques s’attisent. Il peut ainsi influencer la tenue des conférences internationales, réduire la présence des ONS internationales. En outre, il déclare que la dévaluation de la monnaie locale fait référence à la situation économique, sécuritaire et politique.

La gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Cette partie s’intéresse à la manière dont les acteurs gèrent les conflits liés à la disponibilité de ressources et formations en interprétation.

 

Graphique 2 : Répartition de la gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées par les interprètes soudanais, les résultats du graphique 16 ci-dessus ont montré que 18 interprètes (soit 81,8%) gèrent ces défis en créant des programmes de formation pour eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils s’auto-forment sans suivre une formation professionnelle formelle. D’autre part, 14 autres interprètes (soit 63,6%) indiquent qu’ils recherchent des formations en ligne. Il convient de noter que ces formations en ligne ne sont pas accréditées et ne sont pas suivies au sein d’établissements reconnus.

 

La combinaison la plus sollicitée sur le marché

Cette question a été posée pour connaitre la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché.

 

Graphique 3 : Répartition de la combinaison la plus sollicitée sur le marché

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la combinaison linguistique la plus demandée pour l’interprétation au Soudan, nous avons obtenu, selon le graphique 17 ci-dessus, les résultats suivants :

– Anglais-Arabe : 18 des interprètes (soit 81,8 %) indiquent que c’est la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché de l’interprétation.

– Français-Arabe : Cette combinaison linguistique est utilisée par 17 interprètes (soit 77,3 %), ce qui en fait la deuxième combinaison la plus demandée sur le marché de l’interprétation. Il est important de noter que l’arabe est considéré comme langue A au Soudan.

РArabe-Anglais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 11 interpr̬tes (soit 50%).

РArabe-Fran̤ais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 9 interpr̬tes (soit 40,9%).

Il est ̩galement important de noter que les deux langues (Anglais РFran̤ais) sont consid̩r̩es comme des langues B sur le march̩.

Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes travaillant sur le marché

Cette section se penche sur les solutions et recommandations proposées en vue d’une meilleure amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes exerçant sur le marché de l’interprétation au Soudan.

 

Tableau 5: Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes sur le marché de l’interprétation au Soudan

Quelles solutions et recommandations proposez- vous pour améliorer les conditions et qualifications professionnelles du marché de l’interprétation au Soudan ? Fréquence Pourcentage Promouvoir l’apprentissage des langues étrangères au sein de la population 18 81,8 % Etablir des partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure 12 54,5 % Organiser des événements internationaux et des conférences au Soudan 13 59,1 % Améliorer les infrastructures pour accueillir des événements internationaux 18 81,8 % Etablir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence au Soudan 20 90,9 % Formation sur l’usage des logiciels de visioconférence 19 86,4% Il faut une organisation du marché de l’interprétation 20 90,9% Créer une association des Interprètes et Traducteurs au Soudan 20 90,9% Total 22 100 %

Source : enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché

Le graphique 7 et le tableau 4 présentent les diverses solutions et recommandations formulées par les interprètes exerçant sur le marché. Pour résoudre les problèmes liés aux perspectives du marché de l’interprétation au Soudan, diverses recommandations ont été émises.

D’une part, 18 interprètes (soit 81,8 %) préconisent la promotion des langues étrangères au sein du pays. En outre, 12 interprètes (soit 54,5 %) recommandent l’établissement de partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure, tandis que 13 autres interprètes (soit 59,1 %) encouragent l’organisation d’événements internationaux et de conférences au Soudan. De plus, 18 interprètes (soit 81,8 %) suggèrent l’amélioration des infrastructures pour accueillir des événements internationaux.

D’autre part, 20 interprètes (soit 90,9 %) considèrent qu’il est nécessaire d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. De plus, 19 interprètes (soit 86,4%) soutiennent la nécessité d’une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence. Par ailleurs, 20 autres interprètes (soit 90,9 %) plaident en faveur de l’organisation du marché de l’interprétation de conférence au Soudan. Enfin, 20 interprètes (soit 90,9 %) recommandent la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan afin d’exploiter le potentiel des interprètes soudanais sur le marché.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière d’autres recommandations. Selon les personnes interviewées en la personne du chef département de langues à l’université du Soudan et du vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum (100%), exerçant aussi comme interprètes, il est fortement recommandé d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence pour former des interprètes performants sur le marché. De plus, elles plaident pour une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence, notamment pour permettre le travail à distance, ce qui est particulièrement pertinent en période de conflits. Les personnes interviewées (100%) insistent sur la création d’une association des interprètes-traducteurs pour promouvoir les interprètes auprès des consulats, ambassades et ONG internationales présents dans le pays. Par ailleurs, selon les deux interviewés (100%), il est important d’organiser le marché de l’interprétation au Soudan, car le marché actuel manque d’organisation et ne respecte pas les normes relatives aux codes de déontologie du métier, ce qui limite les opportunités et entrave le développement du marché. Ils considèrent également qu’il est essentiel de former en priorité les diplômés et les interprètes non professionnels ici ou à l’étranger afin qu’ils puissent à leur tour de former d’autres non professionnels souhaitant travailler sur le marché de l’interprétation au Soudan. D’une part, le chef du département recommande l’amélioration du contexte politique en laissant la venue des ONGS internationales soit tolérée par le gouvernement conformément aux termes et accords de références de l’Etat, ce qui aide à l’élargissement du marché de l’interprétation au pays. Il recommande également que les interprètes doivent développer leurs compétences professionnelles et qualités personnelles pour être performant et concurrencer sur le marché. D’autre part, il est pour la création d’une association professionnelle des interprètes qui doit avoir pour objectif de remédier aux défis auxquels les interprètes sont confrontés tels que la non-reconnaissance professionnelle de leur métier, la mauvaise connaissance de l’éthique du métier etc.

Selon lui, cette association professionnelle peut jouer un rôle crucial dans l’organisation du marché de l’interprétation et participer à la promotion de ses membres. Enfin, le directeur du cabinet d’interprétation de la société AUDIO, une institution privé de prestation des services des langues, met l’accent sur la création d’une école d’interprétation à part entière, soutenant ainsi l’idée de permettre aux personnes désireuses de bénéficier d’une formation complète en interprétation pour être performantes sur le marché de l’emploi. Selon lui, il est crucial d’organiser le marché de la profession de l’interprétation conformément aux réglementations de la pratique, tout en créant une association des traducteurs-interprètes qui pourrait régir le marché et faire la publicité de ses membres.

CONCLUSION

Cette étude a bien permis d’identifier les divers défis auxquels les interprètes au Soudan font face, notamment le manque de formation spécialisée et de reconnaissance professionnelle et sociale, la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, la rareté des langues de travail et la charge cognitive. Cependant, les pistes de solution proposées ont le potentiel d’améliorer considérablement leurs conditions et qualifications professionnelles. Il est désormais essentiel de mettre en Å“uvre ces recommandations pour renforcer le secteur de l’interprétation de conférence au Soudan. Cette étude, à cet effet, propose, pour remédier à ces défis améliorer les conditions et qualifications professionnelles, les recommandations suivantes :

la création d’écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. Il est important de noter que les interprètes interrogés dans cette étude n’ont pas été formés dans des écoles de formation pour améliorer la qualité du marché.

Pour une meilleure amélioration de la qualité du marché, il faut une organisation de ce marché conformément aux réglementations de la pratique, car nous avons remarqué que les interrogés se sont plaints d’une mauvaise organisation dudit marché.

La création d’une association des traducteurs- interprètes pour régir les règlements du marché et faire la publicité de ses membres. Une association qui aura pour objectif de maximiser les acquis et corriger les insuffisances à travers l’auto-évaluation de ses membres.

La formation sur les technologies de l’information et de la communication, les logiciels de visioconférence. En effet, des catastrophes telles que la covid-19, les conflits nécessitent le recours aux conférences en ligne pour réduire le déplacement des interprètes. Par conséquent, le fait de maitriser ces technologies est une priorité pour ce métier étant donné qu’il est une ressource génératrice principale.

La promotion des langues étrangères dans le pays.

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Cite this Article:

Abubaker, AA; Gandu, S (2024). Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan. Greener Journal of Social Sciences, 14(1): 1-12.

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Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

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Vol. 14(1), pp. 1-12, 2024

ISSN: 2276-7800

Copyright ©2024, Creative Commons Attribution 4.0 International.

https://gjournals.org/GJSC

Article’s title and authors

Title in English

Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

Title in French

Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan

 

Abubaker, Abdallah Abdelrahim1; Gandu, Sebastien (PhD)1

1École Supérieure de Traducteurs et Interprètes (ASTI) et l’Institut Panafricain de Gouvernance, Sciences Humaines et Sociales (PAUGHSS)

Cameroun

ARTICLE’S INFO

Article No.: 010624002

Type: Research

Full Text: PDF, PHP, HTML, EPUB, MP3 Accepted: 06/01/2024

Published: 19/01/2024 *Corresponding Author

Abubaker, AA

E-mail: benhoome991@ hotmail.com, sgandu2000@ yahoo.com

Tel: +237 677366047 Keywords: Interpreting, conference interpreting market, challenges, prospects

Mots clés : Interprétation, marché de l’interprétation de conférence, défis, perspectives.              

Abstract

The aim of this article, entitled “Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan “, is to identify the challenges faced by Sudanese interpreters and to propose solutions and ways of improving the conditions and qualifications of these interpreters working on the market. To achieve our objectives, we used a mixed methodology of data analysis. Quantitative and qualitative data from 22 questionnaires and 03 semi-structured interviews were analysed and interpreted using trait theory and interpretive theory. The data collected reveal that professional, linguistic and political difficulties are the main challenges they face. Among the recommendations suggested for improving professional qualifications, the creation of a professional training school in conference interpreting, the organisation of the conference interpreting market, the creation of an association of interpreters and translators in Sudan, training in information technology as well as the promotion of foreign languages in the country.

Résumé

Ce présent article intitulé « Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan Â» a pour objectifs d’identifier les défis rencontrés par les interprètes soudanais et de proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications de ces interprètes travaillant sur le marché. Pour atteindre nos objectifs, nous avons utilisé une méthodologie mixte d’analyse de données. Des données quantitatives et qualitatives de 22 questionnaires et 03 entretiens semi-directifs ont été analysées et interprétées en se basant sur la théorie des traits et la théorie interprétative. Les données collectées révèlent d’abord que, selon nos interrogés, les difficultés professionnelles, linguistiques et politiques constituent des principaux défis auxquels ils sont confrontés. En conclusion, parmi les recommandations suggérées pour l’amélioration des conditions qualifications professionnelles, nous avons la création d’école de formation professionnelle en interprétation de conférence, l’organisation du marché d’interprétation de conférence, la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan, la formation sur les technologies de l’information ainsi que la promotion des langues étrangères dans le pays.

   

INTRODUCTION

Il convient, de prime abord, de noter que l’interprétation est, selon l’expression consacrée, un métier « aussi vieux que le monde Â» depuis les nuits des temps jusqu’à nos jours. Cette pratique qui sert de pont d’échanges culturels et sociaux est devenue une source de revenu pour autant d’interprètes à travers le monde.

D’ailleurs, On peut dire que l’histoire de l’ Â« Interprétation Â» au Soudan est passée par plusieurs époques qui y ont marqué la présence des langues étrangères. L’arrivée des Arabes au Soudan, l’esclavage, la colonisation, l’occupation turco-égyptienne sont tous des époques qui ont contribué à la pratique de l’interprétation au Soudan. Il est à noter que le Soudan, à la base, n’était pas un pays arabophone, mais il était un pays comme tout autre pays africain avant la colonisation où il y a cette présence intense des langues nationales, où toute tribu a sa propre langue et donc sa propre culture.

Avant la colonisation, vu le caractère multilingue du Soudan, la communication entre le peuple soudanais se faisait par l’interprétation, appelée à l’époque Traduction. L’histoire du Soudan a été en grande partie transmise par la tradition orale et les premiers détenteurs de ce savoir ancestral ont joué un rôle de traducteur/interprète avant, pendant et après la période coloniale Pendant la colonisation, la traduction et l’interprétation sont devenues indispensables vu la nécessité de répondre aux besoins de communication entre les Soudanais et les Britanniques, ce qui était naturel. Ce qu’il faut, peut-être, souligner ici c’est que les colonies anglaises étaient un peu différentes de celles françaises parce que la forme d’administration employée par les deux colons n’était pas la même. Par exemple, la culture importait peu pour les Anglais, contrairement aux Français pour qui l’implantation de la langue et de la culture était nécessaire à l’ancrage de la colonisation, d’où le fait que dans les colonies françaises, la langue du colonisateur était la seule qui servait de communication. Au Soudan, la situation était différente. Parce que les langues nationales et l’arabe, déjà utilisés comme langues de communication entre les Soudanais, ont continué à coexister avec l’anglais.

D’évidence, aujourd’hui, le marché de l’interprétation de conférence au Soudan a connu un développement croissant grâce aux échanges mondiaux, ONGS internationales et compagnies d’investissement étrangères dans les domaines minier, pétrolier, agricole, etc. Ces compagnies étrangères, qui ne connaissent pas la langue du pays hôte, font recours aux services d’interprétation de conférence auprès des acteurs du marché qui sont soit interprètes indépendants ou travaillant pour un cabinet d’interprétation.

Nous avons, néanmoins, fait le constat que ces acteurs du marché font face à une série de défis sur le plan professionnel, linguistique et d’ordre politique. A cet égard, cet article se propose de répondre à deux questions à savoir : quels sont les défis auxquels sont confrontés les interprètes de conférence sur le marché ? Et comment peut-on améliorer les conditions et qualifications professionnelles de ces interprètes pour remédier à ces défis ?

La présente étude vise à identifier les défis rencontrés par les interprètes sur le marché de l’interprétation et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

NOTIONS DE CONCEPTS CLES 

Dans cette partie, nous nous focaliserons sur la définition de concepts clés à savoir : l’interprétation de conférence, le marché de l’interprétation de conférence et l’étude du marché de l’interprétation de conférence.

    1. Interprétation de conférence 

Il convient, d’une part, d’affirmer que la notion d’interprétation de conférence admet une pluralité d’acceptions. Elle désigne, sur le plan linguistique, le transfert d’un message oral dans une langue par un même message équivalent dans une autre langue en prenant en compte le contexte situationnel du message. Giambagli (1999 : p. 200) estime que :

L’interprétation de conférence est une activité dont le produit fini, c’est-á-dire le discours-interprété, représente l’aboutissement d’un parcours de traitement de l’information linguistique et extralinguistique, à savoir co-textuelle, contextuelle, situationnelle et pragmatique, articulé et complexe.

D’autre part, dans son acception de profession, l’appellation de ce terme nous amène à penser que la pratique de l’interprétation de conférence se fait, justement, dans des salles de conférence. Il serait bon, néanmoins, de noter que la réalité est bien toute autre chose comme le précise D. Gile :

In spite of what the name conference interpreting suggests, conference interpreters work not only in conferences, but also in other settings, including meetings of committees and working groups in international organizations, visits of personalities, meetings of boards of directors of large corporations, medical, information technology, economic and other scientific and technical training seminars, TV programs, arbitration proceedings, and even court trials. In other words, their activity partly overlaps with liaison interpreting, court interpreting and media interpreting (Gile, 2006, p. 74).

[Malgré ce que laisse entendre le nom interprétation de conférence, les interprètes de conférence ne travaillent pas uniquement dans des salles de conférences, mais également dans d’autres cadres y compris les rencontres des comités et groupes de travail d’organisations internationales, les visites de personnalités, les rencontres des conseils des directeurs des grandes multinationales, des séminaires sur la santé, la technologie de l’information, l’économie et d’autres séminaires scientifiques et de formation technique, des programmes télévisés, les procédures arbitrales et même les procès. En d’autres termes, leurs activités chevauchent en partie celles de l’interprétation de liaison, l’interprétation judiciaire et l’interprétation des médias.] (Notre traduction)

  1. Le marché de l’interprétation 

Selon (George S. Day 1979, p. 85), le marché est un ensemble de produits jugés comme similaires, dans les situations d’usage dans lesquelles des tendances de bénéfices sont recherchés, et les consommateurs pour qui ces usages sont pertinents.

En interprétation de conférence, selon (AIIC, Le Marché privé de l’Interprétation, 2018), le marché peut être défini comme la plateforme permettant de réunir les clients et les pourvoyeurs de services, dans ce cas de figure, les interprètes. Dépendant des contextes, les clients commerciaux et d’autres types de clients s’adressent, pour leurs besoins, à des interprètes indépendants (dits aussi free-lance) et/ou à des interprètes institutionnels.

2. Étude du marché de l’interprétation 

Une étude de marché est un travail d’exploration destiné à analyser, mesurer et comprendre le fonctionnement réel des forces à l’Å“uvre dans le cadre d’un marché. Il s’agit d’une activité typiquement mise en Å“uvre dans le cadre de la réflexion marketing (Carre, 2015, p. 10).

Dans le cadre du marché de la traduction et de l’interprétation, puisqu’elles sont des professions sœurs, on peut citer l’exemple des travaux de (DePalma, Pielmeier, Henderson et Stewart, 2015, p.115) qui ont effectué une étude de marché dont les enseignements sont grandement édifiants. Pour ce faire, ils dégagent des aspects caractéristiques à ce marché tels que la demande et l’offre, les outils technologiques du secteur, le classement des prestataires de services linguistiques, etc., pour au final examiner le rapport entre l’industrie des services linguistiques et la technologie qui l’appuient.

Notre étude, elle se focalisera, ainsi, de manière directe sur les défis que rencontrent les acteurs du marché de l’interprétation de conférence notamment les défis professionnel, linguistique et d’ordre politique qui nuisent à la qualité des acteurs et par conséquent le marché. A cela s’ajoutent les recommandations et solutions ayant pour but de remédier à ces défis.

 

REVUE EMPIRIQUE 

D’emblée, la présente étude, sur le plan empirique, n’est qu’une suite naturelle dans le champ de la recherche scientifique. Cependant, presque aucune étude, au Soudan, n’a été menée sur le marché de l’interprétation de conférence. Ce manque de recherches fournies dans ce pays nous amène quelque part en Afrique. En Algérie, (Ben Aouda 2017, pp129-137) aborde, dans son article intitulé « La formation du traducteur/interprète officiel en Algérie : état des lieux», la formation universitaire du traducteur/ interprète et le monde professionnel en mettant l’accent sur le domaine de la traduction officielle et son évolution en Algérie. L’auteur aborde brièvement les aptitudes requises pour le traducteur /interprète officiel.

Quant à Fatani (2009), en Arabie Saoudite, offre la première analyse de marché du secteur de la traduction en Arabie saoudite. Elle présente les résultats d’un projet financé en 2006, dont l’objectif était d’étudier l’état de l’industrie de la traduction en Arabie saoudite et de décrire les pratiques et les exigences de la vie professionnelle afin que les étudiants et les traducteurs soient tenus au courant des évolutions rapides de la profession.

Au Burundi, Nkurunziza a mené une étude exploratoire sur le statut de la profession de traducteur au Burundi. Elle part du principe que l’on sait peu de choses sur la profession de traducteur au Burundi. Cette étude examine le sujet susmentionné en s’appuyant sur trois objectifs principaux qui sont : Déterminer le profil professionnel des traducteurs au Burundi, déterminer le statut de la profession de traduction au Burundi, et évaluer la contribution des enseignants de traduction à l’université au Burundi pour promouvoir la reconnaissance publique de la profession de traduction.

En Algérie, Nardjes FRIOUI et Leila BOUKHEMIS ont mentionné que, dans leur article intitulé (Les qualités personnelles/qualifications professionnelles de l’interprète/traducteur salarié et leur impact dans la profession) que la contribution des traducteurs /interprètes dans la communication multilingue est sans cesse croissante car elle assure la promotion des divers échanges entre les communautés linguistiques. Raison pour laquelle le recrutement des traducteurs/interprètes est indispensable dans toutes les entreprises. Ensuite, elles se sont posé la question de savoir quelles sont les qualités personnelles et les qualifications professionnelles requises pour les traducteurs/interprètes salariés ? Elles pensent que le fait de déterminer ces qualités et qualifications facilite l’exercice de la fonction sur le terrain et permettra d’élaborer un programme académique qui met en évidence l’importance du profil personnel du traducteur/ interprète en adéquation avec le marché du travail. La formation académique en profitera également en mettant en évidence la polyvalence inhérente au traducteur/ interprète salarié comme étant une exigence professionnelle plutôt qu’une qualité.

CADRE THEORIQUE 

Quant au plan théorique, nous nous sommes servis de deux théories qui sous-tendent notre étude à savoir : la théorie interprétative et la théorie des traits.

1. La théorie interprétative 

La théorie interprétative doit essentiellement son origine à Danica Seleskovitch (1921-2001) et Marianne Lederer. Pourtant, elle compte aujourd’hui de nombreux adeptes et promoteurs en particulier dans le monde francophone.

Selon Herbulot (2004), il s’agit de « déverbaliser », après avoir compris, puis de « reformuler » ou « ré-exprimer » ; et le plus grand mérite de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer est d’avoir montré à quel point ce processus est non seulement important, mais également naturel.

Cette théorie nous a permis de nous pencher sur les défis d’ordre linguistique qui rencontrent les interprètes sur le marché de l’interprétation de conférence.

2. La théorie des traits 

Selon la théorie des traits, un métier se développe pour devenir une profession en atteignant, entre autres, l’adhésion à un code d’éthique, un ensemble de connaissances théoriques, une autorisation d’exercer ou un enregistrement, et la loyauté envers les collègues. Les partisans de cette théorie ont conçu des listes de contrôle d’attributs qui peuvent être cochés pour déterminer dans quelle mesure une profession donnée a progressé vers la professionnalisation (Mikkelson, 2004 : 2).

Cette théorie sera utilisée afin d’identifier les défis auxquels sont confrontés les interprètes soudanais et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

METHODOLOGIES DU TRAVAIL 

Cette étude a utilisé une méthode à la fois quantitative et qualitative, une méthode mixte. Notre population cible de notre travail est composée de 22 interprètes exerçant sur le marché, d’un chef de département de langue à l’université du Soudan pour les sciences et la technologie et un vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum exerçant aussi comme interprètes ainsi qu’un chef cabinet d’interprétation.

Quant aux instruments de recherche, nous en avons utilisé deux à savoir : le questionnaire, pour des fins quantitatives, adressé aux interprètes exerçant sur le marché et le guide d’entretien, pour des fins qualitatives, adressé à certains corps administratifs « un chef de cabinet d’interprétation, un chef de département de langue et un vice-directeur de département de pédagogie Â». Ces deux questionnaires ont été conçus et envoyés à trente participants grâce à la technique d’échantiontillonage de boule de neige. Il convient, aussi, de noter que ces questionnaires ont été diffusés en ligne via des canaux de communication tels que WhatsApp et l’e-mail. A la fin de la période de collecte, nous avons reçu 22 réponses de la part des interprètes et 3 autres réponses de la part des corps administratifs. De plus, les questionnaires ont été créés sur Google Forms, permettant aux répondants d’y accéder et de les remplir à leur convenance. Ce logiciel nous a également permis d’analyser, d’une part, les données quantitatives de manière statistique et de générer des histogrammes et des diagrammes et d’analyser les données qualitatives issues des entretiens d’autre part. Quant aux considérations éthiques, enfin, nous avons fait en sorte de rassurer nos répondants, les interprètes comme les corps administratifs, du strict anonymat dans le traitement des informations qu’ils nous auront confiées.

PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 

Cette partie se focalise sur le profil professionnel des interprètes et sur les défis qu’ils rencontrent de nos jours sur le marché, les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation de conférence, les difficultés linguistiques confrontées par ces interprètes, l’impact des conflits politiques sur le travail des interprètes. De plus, la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées ainsi que la combinaison linguistique la plus sollicitée. La présentation de toutes ces données nous permettra l’identification des rencontrés par les interprètes de conférence tout en proposant des solutions pour y remédier et permettra à leur marché de se développer tant sur le plan professionnel qu’organisationnel.

    1. Le profil professionnel 

Cette question se renseigne sur le profil professionnel exercée par nos répondants. On trouve que la majorité écrasante des répondants exercent deux métiers, l’un principal et l’autre secondaire.

Tableau 1 : Répartition des interprètes selon le profil professionnel sur le marché de l’interprétation

En quoi consiste votre travail ? Fréquence Pourcentage Interprète professionnel à plein temps 1 4,5 % Interprète freelance qui travaille sur des projets ad hoc- Enseignement de langues 15 68,2 % Interprète employé par une agence à temps partiel- Traducteur- Enseignement de langue 2 9,1 % Je travaille pour une organisation internationale comme traducteur-interprète 1 (4,5%) Je travaille pour l’UNITAMS comme interprète communautaire 1 (4,5%) Je suis interprète consécutif pour une ONG internationale 1 (4,5%) Je travaille pour ONG internationale comme traducteur- interprète 1 (4,5%) Total 22 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Quant à la question de savoir quel est le profil professionnel exercé par les 22 participants, les données présentées dans le tableau 1 et le graphique 10 ci-dessus sont instructives. Premièrement, 1 interprète (soit 4,5 %) exerce en tant qu’interprète professionnel à plein temps. En revanche, la grande majorité, soit 17 interprètes (soit 77,3 %), travaillent en tant qu’interprètes freelance, intervenant sur des projets ad hoc, tout en ayant un rôle d’enseignant de langues. Enfin, 4 interprètes (soit 18,2 %) sont employés à temps partiel par une agence tout en étant également enseignants de langues.

Par conséquent, il est à noter que le profil de ces interprètes est double, oscillant entre le statut d’interprète à temps partiel ou indépendant, mais tous partagent une implication dans le domaine de l’enseignement des langues, à la différence d’un seul interprète professionnel qui se consacre entièrement à son travail d’interprétation à temps plein.

    1. Informations relatives aux différents défis confrontés par les interprètes sur le marché 

 

Tableau 2 : Les défis confrontés par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Manque de reconnaissance professionnelle et sociale 5 22,7 % Rémunération insuffisante pour les services d’interprétation 14 63,6 % Difficulté d’accéder à des formations spécialisées et de développement professionnel 8 36,4 % Disponibilité limitée d’équipements et de technologie d’interprétation 10 45,5 % Concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés 6 27,3 % Le marché de l’interprétation au Soudan est inondé d’interprètes non qualifiés 4 18,2% l’insuffisance des opportunités pour un grand nombre d’interprètes 7 31,8% Ensemble de réponses multiples 54 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes sur le marché de l’interprétation de nos jours, plusieurs problèmes ressortent des données du graphique 1 et du tableau 1. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le manque de reconnaissance professionnelle et sociale du métier qu’ils exercent.

Ensuite, 8 interprètes ont exprimé des difficultés à accéder à des formations spécialisées et au développement professionnel. De plus, 10 interprètes (soit 45,5 %) ont mentionné que la disponibilité limitée d’équipements et de technologie représente une contrainte majeure sur le marché.

Par ailleurs, 6 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné la concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés, tandis que 4 interprètes (soit 18,2 %) ont déploré que le marché de l’interprétation au Soudan soit inondé d’interprètes non qualifiés. Enfin, 7 interprètes (soit 31,8 %) ont indiqué qu’il y a un manque d’opportunités pour un grand nombre d’interprètes.

En analysant les données des entretiens, la société AUDIO, une institution de prestation de services d’interprétation de conférence et de traduction, qui possède un cabinet d’interprétation à Khartoum, a également souligné ces problèmes. 100 % d’eux ont noté que le manque de reconnaissance professionnelle et sociale est en partie dû à l’absence d’une association de traducteurs-interprètes qui pourrait promouvoir leur profession. Ce même pourcentage est exprimé par les deux personnes interviewées en la personne du chef du département de langues à l’université du Soudan pour la science et la technologie et le vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum partagent la même opinion. De plus, le directeur du cabinet et les deux interviewés ont relevé des difficultés similaires concernant l’accès à des formations spécialisées, le manque d’équipement technologique, et la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, ce qui signifie en pourcentage 100 %.

Il est important de noter que 100 % de l’institution et de nos autres interviewés- chef de du département des langues et le vice-directeur ont également souligné une baisse de la demande de services d’interprétation, ce qui a entraîné une rémunération plus faible à la fois au sein de leur institution et sur le marché soudanais.

En outre, l’institution a signalé un grave manque d’interprètes professionnels, ainsi que le départ d’interprètes expérimentés qui étaient présents sur le marché depuis des années.

Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation 

Ce point aborde les difficultés concernant la recherche d’emploi confrontées par nos répondants. Ainsi, nous voulons savoir si ces difficultés sont liées à quelles lacune ou insuffisances professionnelles.

Tableau 3 : Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation

Quelles sont les difficultés dans la recherche d’emploi en interprétation que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Peu d’offres d’emploi dans le secteur de l’interprétation 1O 45,5 % Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation simultanée 12 54,5 % Le recruteur demande une compétence particulière que vous n’avez pas 9 40,9 % C’est un cercle plutôt fermé où les clients vous appellent directement ou vous recommandent à d’autres structures quand ils sont satisfaits de votre prestation. 13 59,1 % Problèmes liés à la combinaison linguistique 5 22,7 % Non-maitrise des logiciels de visioconférence comme zoom, webex 6 27,3% Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive 3 13,6% Ensemble de réponses multiples 58 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes dans la recherche d’emploi sur le marché de l’interprétation, le graphique 2 et le tableau 2 ci-dessus présentent les résultats suivants:

Tout d’abord, 10 interprètes (soit 45,5%) ont mentionné que l’offre d’emploi en interprétation est limitée.

Ensuite, 12 interprètes (soit 54,5 %) ont signalé le manque d’expérience professionnelle en interprétation simultanée comme un obstacle majeur dans leur recherche d’emploi.

De plus, 9 diplômés (soit 40,9 %) se plaignent que les recruteurs exigent des compétences particulières qu’ils ne possèdent pas, ce qui rend leur recherche d’emploi plus difficile.

Par ailleurs, 13 répondants (soit 59,1 %) estiment que l’interprétation est un domaine relativement fermé, où les clients contactent directement les interprètes ou les recommandent à d’autres organisations s’ils sont satisfaits de leur travail.

De plus, 5 interprètes (soit 22,7%) ont soulevé des problèmes liés à la combinaison linguistique, ce qui peut rendre leur recherche d’emploi plus complexe.

En outre, 7 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné qu’ils ne maîtrisent pas les logiciels de vidéoconférence tels que Zoom ou Webex, ce qui peut être un obstacle dans un environnement de plus en plus numérique.

Enfin, 3 interprètes (soit 13,6 %) ont évoqué le manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive comme une difficulté dans leur recherche d’emploi.

Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes soudanais 

Cette question a été posée pour savoir les difficultés linguistiques confrontées par nos répondants sur le marché.

 

Tableau 4: Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés linguistiques que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Langues de travail peu courantes 5 22,7 % Vocabulaire spécialisé 14 63,6 % Variations dialectales 2 9,1 % Charge cognitive élevée 10 45,5 % Cohérence terminologique 10 45,5 % Accents étrangers 11 50% Flux de parole rapide 15 68,2% Absence de formation linguistique 15 68,2% Ensemble de réponses multiples 82 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés linguistiques que les interprètes rencontrent sur le marché de l’interprétation de nos jours, selon le graphique 3 et le tableau 3, plusieurs problèmes se dégagent. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le fait que les langues de travail qu’ils maîtrisent sont peu courantes sur le marché. De plus, 14 interprètes (soit 63,6 %) se plaignent des difficultés liées au vocabulaire spécialisé.

En outre, 2 interprètes (soit 9,1 %) ont mentionné qu’ils font face à la difficulté des variations dialectales sur le marché. Par ailleurs, 10 interprètes (soit 45,5 %) se plaignent de la charge cognitive. De manière similaire, 10 autres interprètes (soit 45,5 %) déplorent le manque de cohérence terminologique. Enfin, 11 interprètes (soit 50 %) font face à la difficulté des accents étrangers.

Pour couronner le tout, 15 interprètes (soit 68,2 %) indiquent avoir du mal avec le flux de parole rapide. De manière similaire, un pourcentage identique de 10 interprètes se plaint de l’absence de formation linguistique pour les interprètes.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect linguistique joue prépondérant dans le métier de l’interprète, surtout quand ce dernier est convoqué pour une conférence. Ce genre de conférences exige une préparation préalable de la part de l’interprète pour savoir la combinaison linguistique sollicitée pour la conférence ou l’atelier de travail, se familiariser avec la terminologie de la conférence et les informations de base y étant relatives ainsi que la préparation des glossaires pour les domaines dans lesquels les interprètes travaillent. Par conséquent, le manque de cet aspect peut entraîner la plupart du temps une mauvaise prestation chez l’interprète. Par ailleurs, le métier de l’interprétation vient en second lieu, tandis que les métiers tels l’enseignement, la médecine, la recherche scientifique, la sociologie et d’autres viennent en premier lieu. Cela est attribué au fait que le métier de l’interprétation est saisonnier. En outre, il expose les difficultés relatives aux qualités personnelles dont doit disposer l’interprète telles que les exercices de Shadowing qui aident à l’amélioration de l’efficacité de la mémoire, de la prononciation et la prestation personnelle des conférences etc.

Ces difficultés variées mettent en évidence les nombreux défis linguistiques auxquels les interprètes sont confrontés sur ce marché.

L’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Cette partie s’intéresse à l’impact des conflits politiques sur le marché de nos acteurs et l’ampleur de cet impact sur leurs activités génératrices.

 

Graphique 1 : Répartition de l’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Les résultats du graphique 4 ci-dessus montrent que parmi les 22 interprètes interrogés, 14 (soit 63,6 %) ont mentionné que les conflits politiques peuvent avoir un impact sur le travail des interprètes en raison de l’augmentation des opportunités de travail. En outre, parmi ces 22 interprètes, 9 (soit 40,9 %) signalent que ces conflits politiques peuvent avoir un impact sur leur travail en raison des risques pour leur sécurité personnelle. Enfin, parmi ces 22 interprètes, 8 (soit 36,4%) indiquent que les conflits politiques ont un impact sur leur travail en raison de l’augmentation de la demande d’interprétation.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect est attisé par la situation économique ; c’est-à- dire plus la situation économique est stable, moins les conflits politiques s’attisent. Il peut ainsi influencer la tenue des conférences internationales, réduire la présence des ONS internationales. En outre, il déclare que la dévaluation de la monnaie locale fait référence à la situation économique, sécuritaire et politique.

La gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Cette partie s’intéresse à la manière dont les acteurs gèrent les conflits liés à la disponibilité de ressources et formations en interprétation.

 

Graphique 2 : Répartition de la gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées par les interprètes soudanais, les résultats du graphique 16 ci-dessus ont montré que 18 interprètes (soit 81,8%) gèrent ces défis en créant des programmes de formation pour eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils s’auto-forment sans suivre une formation professionnelle formelle. D’autre part, 14 autres interprètes (soit 63,6%) indiquent qu’ils recherchent des formations en ligne. Il convient de noter que ces formations en ligne ne sont pas accréditées et ne sont pas suivies au sein d’établissements reconnus.

 

La combinaison la plus sollicitée sur le marché

Cette question a été posée pour connaitre la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché.

 

Graphique 3 : Répartition de la combinaison la plus sollicitée sur le marché

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la combinaison linguistique la plus demandée pour l’interprétation au Soudan, nous avons obtenu, selon le graphique 17 ci-dessus, les résultats suivants :

– Anglais-Arabe : 18 des interprètes (soit 81,8 %) indiquent que c’est la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché de l’interprétation.

– Français-Arabe : Cette combinaison linguistique est utilisée par 17 interprètes (soit 77,3 %), ce qui en fait la deuxième combinaison la plus demandée sur le marché de l’interprétation. Il est important de noter que l’arabe est considéré comme langue A au Soudan.

РArabe-Anglais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 11 interpr̬tes (soit 50%).

РArabe-Fran̤ais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 9 interpr̬tes (soit 40,9%).

Il est ̩galement important de noter que les deux langues (Anglais РFran̤ais) sont consid̩r̩es comme des langues B sur le march̩.

Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes travaillant sur le marché

Cette section se penche sur les solutions et recommandations proposées en vue d’une meilleure amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes exerçant sur le marché de l’interprétation au Soudan.

 

Tableau 5: Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes sur le marché de l’interprétation au Soudan

Quelles solutions et recommandations proposez- vous pour améliorer les conditions et qualifications professionnelles du marché de l’interprétation au Soudan ? Fréquence Pourcentage Promouvoir l’apprentissage des langues étrangères au sein de la population 18 81,8 % Etablir des partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure 12 54,5 % Organiser des événements internationaux et des conférences au Soudan 13 59,1 % Améliorer les infrastructures pour accueillir des événements internationaux 18 81,8 % Etablir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence au Soudan 20 90,9 % Formation sur l’usage des logiciels de visioconférence 19 86,4% Il faut une organisation du marché de l’interprétation 20 90,9% Créer une association des Interprètes et Traducteurs au Soudan 20 90,9% Total 22 100 %

Source : enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché

Le graphique 7 et le tableau 4 présentent les diverses solutions et recommandations formulées par les interprètes exerçant sur le marché. Pour résoudre les problèmes liés aux perspectives du marché de l’interprétation au Soudan, diverses recommandations ont été émises.

D’une part, 18 interprètes (soit 81,8 %) préconisent la promotion des langues étrangères au sein du pays. En outre, 12 interprètes (soit 54,5 %) recommandent l’établissement de partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure, tandis que 13 autres interprètes (soit 59,1 %) encouragent l’organisation d’événements internationaux et de conférences au Soudan. De plus, 18 interprètes (soit 81,8 %) suggèrent l’amélioration des infrastructures pour accueillir des événements internationaux.

D’autre part, 20 interprètes (soit 90,9 %) considèrent qu’il est nécessaire d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. De plus, 19 interprètes (soit 86,4%) soutiennent la nécessité d’une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence. Par ailleurs, 20 autres interprètes (soit 90,9 %) plaident en faveur de l’organisation du marché de l’interprétation de conférence au Soudan. Enfin, 20 interprètes (soit 90,9 %) recommandent la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan afin d’exploiter le potentiel des interprètes soudanais sur le marché.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière d’autres recommandations. Selon les personnes interviewées en la personne du chef département de langues à l’université du Soudan et du vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum (100%), exerçant aussi comme interprètes, il est fortement recommandé d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence pour former des interprètes performants sur le marché. De plus, elles plaident pour une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence, notamment pour permettre le travail à distance, ce qui est particulièrement pertinent en période de conflits. Les personnes interviewées (100%) insistent sur la création d’une association des interprètes-traducteurs pour promouvoir les interprètes auprès des consulats, ambassades et ONG internationales présents dans le pays. Par ailleurs, selon les deux interviewés (100%), il est important d’organiser le marché de l’interprétation au Soudan, car le marché actuel manque d’organisation et ne respecte pas les normes relatives aux codes de déontologie du métier, ce qui limite les opportunités et entrave le développement du marché. Ils considèrent également qu’il est essentiel de former en priorité les diplômés et les interprètes non professionnels ici ou à l’étranger afin qu’ils puissent à leur tour de former d’autres non professionnels souhaitant travailler sur le marché de l’interprétation au Soudan. D’une part, le chef du département recommande l’amélioration du contexte politique en laissant la venue des ONGS internationales soit tolérée par le gouvernement conformément aux termes et accords de références de l’Etat, ce qui aide à l’élargissement du marché de l’interprétation au pays. Il recommande également que les interprètes doivent développer leurs compétences professionnelles et qualités personnelles pour être performant et concurrencer sur le marché. D’autre part, il est pour la création d’une association professionnelle des interprètes qui doit avoir pour objectif de remédier aux défis auxquels les interprètes sont confrontés tels que la non-reconnaissance professionnelle de leur métier, la mauvaise connaissance de l’éthique du métier etc.

Selon lui, cette association professionnelle peut jouer un rôle crucial dans l’organisation du marché de l’interprétation et participer à la promotion de ses membres. Enfin, le directeur du cabinet d’interprétation de la société AUDIO, une institution privé de prestation des services des langues, met l’accent sur la création d’une école d’interprétation à part entière, soutenant ainsi l’idée de permettre aux personnes désireuses de bénéficier d’une formation complète en interprétation pour être performantes sur le marché de l’emploi. Selon lui, il est crucial d’organiser le marché de la profession de l’interprétation conformément aux réglementations de la pratique, tout en créant une association des traducteurs-interprètes qui pourrait régir le marché et faire la publicité de ses membres.

CONCLUSION

Cette étude a bien permis d’identifier les divers défis auxquels les interprètes au Soudan font face, notamment le manque de formation spécialisée et de reconnaissance professionnelle et sociale, la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, la rareté des langues de travail et la charge cognitive. Cependant, les pistes de solution proposées ont le potentiel d’améliorer considérablement leurs conditions et qualifications professionnelles. Il est désormais essentiel de mettre en Å“uvre ces recommandations pour renforcer le secteur de l’interprétation de conférence au Soudan. Cette étude, à cet effet, propose, pour remédier à ces défis améliorer les conditions et qualifications professionnelles, les recommandations suivantes :

la création d’écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. Il est important de noter que les interprètes interrogés dans cette étude n’ont pas été formés dans des écoles de formation pour améliorer la qualité du marché.

Pour une meilleure amélioration de la qualité du marché, il faut une organisation de ce marché conformément aux réglementations de la pratique, car nous avons remarqué que les interrogés se sont plaints d’une mauvaise organisation dudit marché.

La création d’une association des traducteurs- interprètes pour régir les règlements du marché et faire la publicité de ses membres. Une association qui aura pour objectif de maximiser les acquis et corriger les insuffisances à travers l’auto-évaluation de ses membres.

La formation sur les technologies de l’information et de la communication, les logiciels de visioconférence. En effet, des catastrophes telles que la covid-19, les conflits nécessitent le recours aux conférences en ligne pour réduire le déplacement des interprètes. Par conséquent, le fait de maitriser ces technologies est une priorité pour ce métier étant donné qu’il est une ressource génératrice principale.

La promotion des langues étrangères dans le pays.

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Cite this Article:

Abubaker, AA; Gandu, S (2024). Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan. Greener Journal of Social Sciences, 14(1): 1-12.

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Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

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Vol. 14(1), pp. 1-12, 2024

ISSN: 2276-7800

Copyright ©2024, Creative Commons Attribution 4.0 International.

https://gjournals.org/GJSC

Article’s title and authors

Title in English

Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan

Title in French

Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan

 

Abubaker, Abdallah Abdelrahim1; Gandu, Sebastien (PhD)1

1École Supérieure de Traducteurs et Interprètes (ASTI) et l’Institut Panafricain de Gouvernance, Sciences Humaines et Sociales (PAUGHSS)

Cameroun

ARTICLE’S INFO

Article No.: 010624002

Type: Research

Full Text: PDF, PHP, HTML, EPUB, MP3 Accepted: 06/01/2024

Published: 19/01/2024 *Corresponding Author

Abubaker, AA

E-mail: benhoome991@ hotmail.com, sgandu2000@ yahoo.com

Tel: +237 677366047 Keywords: Interpreting, conference interpreting market, challenges, prospects

Mots clés : Interprétation, marché de l’interprétation de conférence, défis, perspectives.              

Abstract

The aim of this article, entitled “Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan “, is to identify the challenges faced by Sudanese interpreters and to propose solutions and ways of improving the conditions and qualifications of these interpreters working on the market. To achieve our objectives, we used a mixed methodology of data analysis. Quantitative and qualitative data from 22 questionnaires and 03 semi-structured interviews were analysed and interpreted using trait theory and interpretive theory. The data collected reveal that professional, linguistic and political difficulties are the main challenges they face. Among the recommendations suggested for improving professional qualifications, the creation of a professional training school in conference interpreting, the organisation of the conference interpreting market, the creation of an association of interpreters and translators in Sudan, training in information technology as well as the promotion of foreign languages in the country.

Résumé

Ce présent article intitulé « Défis et perspectives de l’interprétation de conférence au Soudan Â» a pour objectifs d’identifier les défis rencontrés par les interprètes soudanais et de proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications de ces interprètes travaillant sur le marché. Pour atteindre nos objectifs, nous avons utilisé une méthodologie mixte d’analyse de données. Des données quantitatives et qualitatives de 22 questionnaires et 03 entretiens semi-directifs ont été analysées et interprétées en se basant sur la théorie des traits et la théorie interprétative. Les données collectées révèlent d’abord que, selon nos interrogés, les difficultés professionnelles, linguistiques et politiques constituent des principaux défis auxquels ils sont confrontés. En conclusion, parmi les recommandations suggérées pour l’amélioration des conditions qualifications professionnelles, nous avons la création d’école de formation professionnelle en interprétation de conférence, l’organisation du marché d’interprétation de conférence, la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan, la formation sur les technologies de l’information ainsi que la promotion des langues étrangères dans le pays.

   

INTRODUCTION

Il convient, de prime abord, de noter que l’interprétation est, selon l’expression consacrée, un métier « aussi vieux que le monde Â» depuis les nuits des temps jusqu’à nos jours. Cette pratique qui sert de pont d’échanges culturels et sociaux est devenue une source de revenu pour autant d’interprètes à travers le monde.

D’ailleurs, On peut dire que l’histoire de l’ Â« Interprétation Â» au Soudan est passée par plusieurs époques qui y ont marqué la présence des langues étrangères. L’arrivée des Arabes au Soudan, l’esclavage, la colonisation, l’occupation turco-égyptienne sont tous des époques qui ont contribué à la pratique de l’interprétation au Soudan. Il est à noter que le Soudan, à la base, n’était pas un pays arabophone, mais il était un pays comme tout autre pays africain avant la colonisation où il y a cette présence intense des langues nationales, où toute tribu a sa propre langue et donc sa propre culture.

Avant la colonisation, vu le caractère multilingue du Soudan, la communication entre le peuple soudanais se faisait par l’interprétation, appelée à l’époque Traduction. L’histoire du Soudan a été en grande partie transmise par la tradition orale et les premiers détenteurs de ce savoir ancestral ont joué un rôle de traducteur/interprète avant, pendant et après la période coloniale Pendant la colonisation, la traduction et l’interprétation sont devenues indispensables vu la nécessité de répondre aux besoins de communication entre les Soudanais et les Britanniques, ce qui était naturel. Ce qu’il faut, peut-être, souligner ici c’est que les colonies anglaises étaient un peu différentes de celles françaises parce que la forme d’administration employée par les deux colons n’était pas la même. Par exemple, la culture importait peu pour les Anglais, contrairement aux Français pour qui l’implantation de la langue et de la culture était nécessaire à l’ancrage de la colonisation, d’où le fait que dans les colonies françaises, la langue du colonisateur était la seule qui servait de communication. Au Soudan, la situation était différente. Parce que les langues nationales et l’arabe, déjà utilisés comme langues de communication entre les Soudanais, ont continué à coexister avec l’anglais.

D’évidence, aujourd’hui, le marché de l’interprétation de conférence au Soudan a connu un développement croissant grâce aux échanges mondiaux, ONGS internationales et compagnies d’investissement étrangères dans les domaines minier, pétrolier, agricole, etc. Ces compagnies étrangères, qui ne connaissent pas la langue du pays hôte, font recours aux services d’interprétation de conférence auprès des acteurs du marché qui sont soit interprètes indépendants ou travaillant pour un cabinet d’interprétation.

Nous avons, néanmoins, fait le constat que ces acteurs du marché font face à une série de défis sur le plan professionnel, linguistique et d’ordre politique. A cet égard, cet article se propose de répondre à deux questions à savoir : quels sont les défis auxquels sont confrontés les interprètes de conférence sur le marché ? Et comment peut-on améliorer les conditions et qualifications professionnelles de ces interprètes pour remédier à ces défis ?

La présente étude vise à identifier les défis rencontrés par les interprètes sur le marché de l’interprétation et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

NOTIONS DE CONCEPTS CLES 

Dans cette partie, nous nous focaliserons sur la définition de concepts clés à savoir : l’interprétation de conférence, le marché de l’interprétation de conférence et l’étude du marché de l’interprétation de conférence.

    1. Interprétation de conférence 

Il convient, d’une part, d’affirmer que la notion d’interprétation de conférence admet une pluralité d’acceptions. Elle désigne, sur le plan linguistique, le transfert d’un message oral dans une langue par un même message équivalent dans une autre langue en prenant en compte le contexte situationnel du message. Giambagli (1999 : p. 200) estime que :

L’interprétation de conférence est une activité dont le produit fini, c’est-á-dire le discours-interprété, représente l’aboutissement d’un parcours de traitement de l’information linguistique et extralinguistique, à savoir co-textuelle, contextuelle, situationnelle et pragmatique, articulé et complexe.

D’autre part, dans son acception de profession, l’appellation de ce terme nous amène à penser que la pratique de l’interprétation de conférence se fait, justement, dans des salles de conférence. Il serait bon, néanmoins, de noter que la réalité est bien toute autre chose comme le précise D. Gile :

In spite of what the name conference interpreting suggests, conference interpreters work not only in conferences, but also in other settings, including meetings of committees and working groups in international organizations, visits of personalities, meetings of boards of directors of large corporations, medical, information technology, economic and other scientific and technical training seminars, TV programs, arbitration proceedings, and even court trials. In other words, their activity partly overlaps with liaison interpreting, court interpreting and media interpreting (Gile, 2006, p. 74).

[Malgré ce que laisse entendre le nom interprétation de conférence, les interprètes de conférence ne travaillent pas uniquement dans des salles de conférences, mais également dans d’autres cadres y compris les rencontres des comités et groupes de travail d’organisations internationales, les visites de personnalités, les rencontres des conseils des directeurs des grandes multinationales, des séminaires sur la santé, la technologie de l’information, l’économie et d’autres séminaires scientifiques et de formation technique, des programmes télévisés, les procédures arbitrales et même les procès. En d’autres termes, leurs activités chevauchent en partie celles de l’interprétation de liaison, l’interprétation judiciaire et l’interprétation des médias.] (Notre traduction)

  1. Le marché de l’interprétation 

Selon (George S. Day 1979, p. 85), le marché est un ensemble de produits jugés comme similaires, dans les situations d’usage dans lesquelles des tendances de bénéfices sont recherchés, et les consommateurs pour qui ces usages sont pertinents.

En interprétation de conférence, selon (AIIC, Le Marché privé de l’Interprétation, 2018), le marché peut être défini comme la plateforme permettant de réunir les clients et les pourvoyeurs de services, dans ce cas de figure, les interprètes. Dépendant des contextes, les clients commerciaux et d’autres types de clients s’adressent, pour leurs besoins, à des interprètes indépendants (dits aussi free-lance) et/ou à des interprètes institutionnels.

2. Étude du marché de l’interprétation 

Une étude de marché est un travail d’exploration destiné à analyser, mesurer et comprendre le fonctionnement réel des forces à l’Å“uvre dans le cadre d’un marché. Il s’agit d’une activité typiquement mise en Å“uvre dans le cadre de la réflexion marketing (Carre, 2015, p. 10).

Dans le cadre du marché de la traduction et de l’interprétation, puisqu’elles sont des professions sœurs, on peut citer l’exemple des travaux de (DePalma, Pielmeier, Henderson et Stewart, 2015, p.115) qui ont effectué une étude de marché dont les enseignements sont grandement édifiants. Pour ce faire, ils dégagent des aspects caractéristiques à ce marché tels que la demande et l’offre, les outils technologiques du secteur, le classement des prestataires de services linguistiques, etc., pour au final examiner le rapport entre l’industrie des services linguistiques et la technologie qui l’appuient.

Notre étude, elle se focalisera, ainsi, de manière directe sur les défis que rencontrent les acteurs du marché de l’interprétation de conférence notamment les défis professionnel, linguistique et d’ordre politique qui nuisent à la qualité des acteurs et par conséquent le marché. A cela s’ajoutent les recommandations et solutions ayant pour but de remédier à ces défis.

 

REVUE EMPIRIQUE 

D’emblée, la présente étude, sur le plan empirique, n’est qu’une suite naturelle dans le champ de la recherche scientifique. Cependant, presque aucune étude, au Soudan, n’a été menée sur le marché de l’interprétation de conférence. Ce manque de recherches fournies dans ce pays nous amène quelque part en Afrique. En Algérie, (Ben Aouda 2017, pp129-137) aborde, dans son article intitulé « La formation du traducteur/interprète officiel en Algérie : état des lieux», la formation universitaire du traducteur/ interprète et le monde professionnel en mettant l’accent sur le domaine de la traduction officielle et son évolution en Algérie. L’auteur aborde brièvement les aptitudes requises pour le traducteur /interprète officiel.

Quant à Fatani (2009), en Arabie Saoudite, offre la première analyse de marché du secteur de la traduction en Arabie saoudite. Elle présente les résultats d’un projet financé en 2006, dont l’objectif était d’étudier l’état de l’industrie de la traduction en Arabie saoudite et de décrire les pratiques et les exigences de la vie professionnelle afin que les étudiants et les traducteurs soient tenus au courant des évolutions rapides de la profession.

Au Burundi, Nkurunziza a mené une étude exploratoire sur le statut de la profession de traducteur au Burundi. Elle part du principe que l’on sait peu de choses sur la profession de traducteur au Burundi. Cette étude examine le sujet susmentionné en s’appuyant sur trois objectifs principaux qui sont : Déterminer le profil professionnel des traducteurs au Burundi, déterminer le statut de la profession de traduction au Burundi, et évaluer la contribution des enseignants de traduction à l’université au Burundi pour promouvoir la reconnaissance publique de la profession de traduction.

En Algérie, Nardjes FRIOUI et Leila BOUKHEMIS ont mentionné que, dans leur article intitulé (Les qualités personnelles/qualifications professionnelles de l’interprète/traducteur salarié et leur impact dans la profession) que la contribution des traducteurs /interprètes dans la communication multilingue est sans cesse croissante car elle assure la promotion des divers échanges entre les communautés linguistiques. Raison pour laquelle le recrutement des traducteurs/interprètes est indispensable dans toutes les entreprises. Ensuite, elles se sont posé la question de savoir quelles sont les qualités personnelles et les qualifications professionnelles requises pour les traducteurs/interprètes salariés ? Elles pensent que le fait de déterminer ces qualités et qualifications facilite l’exercice de la fonction sur le terrain et permettra d’élaborer un programme académique qui met en évidence l’importance du profil personnel du traducteur/ interprète en adéquation avec le marché du travail. La formation académique en profitera également en mettant en évidence la polyvalence inhérente au traducteur/ interprète salarié comme étant une exigence professionnelle plutôt qu’une qualité.

CADRE THEORIQUE 

Quant au plan théorique, nous nous sommes servis de deux théories qui sous-tendent notre étude à savoir : la théorie interprétative et la théorie des traits.

1. La théorie interprétative 

La théorie interprétative doit essentiellement son origine à Danica Seleskovitch (1921-2001) et Marianne Lederer. Pourtant, elle compte aujourd’hui de nombreux adeptes et promoteurs en particulier dans le monde francophone.

Selon Herbulot (2004), il s’agit de « déverbaliser », après avoir compris, puis de « reformuler » ou « ré-exprimer » ; et le plus grand mérite de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer est d’avoir montré à quel point ce processus est non seulement important, mais également naturel.

Cette théorie nous a permis de nous pencher sur les défis d’ordre linguistique qui rencontrent les interprètes sur le marché de l’interprétation de conférence.

2. La théorie des traits 

Selon la théorie des traits, un métier se développe pour devenir une profession en atteignant, entre autres, l’adhésion à un code d’éthique, un ensemble de connaissances théoriques, une autorisation d’exercer ou un enregistrement, et la loyauté envers les collègues. Les partisans de cette théorie ont conçu des listes de contrôle d’attributs qui peuvent être cochés pour déterminer dans quelle mesure une profession donnée a progressé vers la professionnalisation (Mikkelson, 2004 : 2).

Cette théorie sera utilisée afin d’identifier les défis auxquels sont confrontés les interprètes soudanais et proposer des solutions et voies pour améliorer les conditions et qualifications des interprètes travaillant sur le marché de l’interprète au Soudan.

METHODOLOGIES DU TRAVAIL 

Cette étude a utilisé une méthode à la fois quantitative et qualitative, une méthode mixte. Notre population cible de notre travail est composée de 22 interprètes exerçant sur le marché, d’un chef de département de langue à l’université du Soudan pour les sciences et la technologie et un vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum exerçant aussi comme interprètes ainsi qu’un chef cabinet d’interprétation.

Quant aux instruments de recherche, nous en avons utilisé deux à savoir : le questionnaire, pour des fins quantitatives, adressé aux interprètes exerçant sur le marché et le guide d’entretien, pour des fins qualitatives, adressé à certains corps administratifs « un chef de cabinet d’interprétation, un chef de département de langue et un vice-directeur de département de pédagogie Â». Ces deux questionnaires ont été conçus et envoyés à trente participants grâce à la technique d’échantiontillonage de boule de neige. Il convient, aussi, de noter que ces questionnaires ont été diffusés en ligne via des canaux de communication tels que WhatsApp et l’e-mail. A la fin de la période de collecte, nous avons reçu 22 réponses de la part des interprètes et 3 autres réponses de la part des corps administratifs. De plus, les questionnaires ont été créés sur Google Forms, permettant aux répondants d’y accéder et de les remplir à leur convenance. Ce logiciel nous a également permis d’analyser, d’une part, les données quantitatives de manière statistique et de générer des histogrammes et des diagrammes et d’analyser les données qualitatives issues des entretiens d’autre part. Quant aux considérations éthiques, enfin, nous avons fait en sorte de rassurer nos répondants, les interprètes comme les corps administratifs, du strict anonymat dans le traitement des informations qu’ils nous auront confiées.

PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 

Cette partie se focalise sur le profil professionnel des interprètes et sur les défis qu’ils rencontrent de nos jours sur le marché, les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation de conférence, les difficultés linguistiques confrontées par ces interprètes, l’impact des conflits politiques sur le travail des interprètes. De plus, la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées ainsi que la combinaison linguistique la plus sollicitée. La présentation de toutes ces données nous permettra l’identification des rencontrés par les interprètes de conférence tout en proposant des solutions pour y remédier et permettra à leur marché de se développer tant sur le plan professionnel qu’organisationnel.

    1. Le profil professionnel 

Cette question se renseigne sur le profil professionnel exercée par nos répondants. On trouve que la majorité écrasante des répondants exercent deux métiers, l’un principal et l’autre secondaire.

Tableau 1 : Répartition des interprètes selon le profil professionnel sur le marché de l’interprétation

En quoi consiste votre travail ? Fréquence Pourcentage Interprète professionnel à plein temps 1 4,5 % Interprète freelance qui travaille sur des projets ad hoc- Enseignement de langues 15 68,2 % Interprète employé par une agence à temps partiel- Traducteur- Enseignement de langue 2 9,1 % Je travaille pour une organisation internationale comme traducteur-interprète 1 (4,5%) Je travaille pour l’UNITAMS comme interprète communautaire 1 (4,5%) Je suis interprète consécutif pour une ONG internationale 1 (4,5%) Je travaille pour ONG internationale comme traducteur- interprète 1 (4,5%) Total 22 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Quant à la question de savoir quel est le profil professionnel exercé par les 22 participants, les données présentées dans le tableau 1 et le graphique 10 ci-dessus sont instructives. Premièrement, 1 interprète (soit 4,5 %) exerce en tant qu’interprète professionnel à plein temps. En revanche, la grande majorité, soit 17 interprètes (soit 77,3 %), travaillent en tant qu’interprètes freelance, intervenant sur des projets ad hoc, tout en ayant un rôle d’enseignant de langues. Enfin, 4 interprètes (soit 18,2 %) sont employés à temps partiel par une agence tout en étant également enseignants de langues.

Par conséquent, il est à noter que le profil de ces interprètes est double, oscillant entre le statut d’interprète à temps partiel ou indépendant, mais tous partagent une implication dans le domaine de l’enseignement des langues, à la différence d’un seul interprète professionnel qui se consacre entièrement à son travail d’interprétation à temps plein.

    1. Informations relatives aux différents défis confrontés par les interprètes sur le marché 

 

Tableau 2 : Les défis confrontés par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Manque de reconnaissance professionnelle et sociale 5 22,7 % Rémunération insuffisante pour les services d’interprétation 14 63,6 % Difficulté d’accéder à des formations spécialisées et de développement professionnel 8 36,4 % Disponibilité limitée d’équipements et de technologie d’interprétation 10 45,5 % Concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés 6 27,3 % Le marché de l’interprétation au Soudan est inondé d’interprètes non qualifiés 4 18,2% l’insuffisance des opportunités pour un grand nombre d’interprètes 7 31,8% Ensemble de réponses multiples 54 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes sur le marché de l’interprétation de nos jours, plusieurs problèmes ressortent des données du graphique 1 et du tableau 1. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le manque de reconnaissance professionnelle et sociale du métier qu’ils exercent.

Ensuite, 8 interprètes ont exprimé des difficultés à accéder à des formations spécialisées et au développement professionnel. De plus, 10 interprètes (soit 45,5 %) ont mentionné que la disponibilité limitée d’équipements et de technologie représente une contrainte majeure sur le marché.

Par ailleurs, 6 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné la concurrence déloyale de la part d’interprètes non qualifiés, tandis que 4 interprètes (soit 18,2 %) ont déploré que le marché de l’interprétation au Soudan soit inondé d’interprètes non qualifiés. Enfin, 7 interprètes (soit 31,8 %) ont indiqué qu’il y a un manque d’opportunités pour un grand nombre d’interprètes.

En analysant les données des entretiens, la société AUDIO, une institution de prestation de services d’interprétation de conférence et de traduction, qui possède un cabinet d’interprétation à Khartoum, a également souligné ces problèmes. 100 % d’eux ont noté que le manque de reconnaissance professionnelle et sociale est en partie dû à l’absence d’une association de traducteurs-interprètes qui pourrait promouvoir leur profession. Ce même pourcentage est exprimé par les deux personnes interviewées en la personne du chef du département de langues à l’université du Soudan pour la science et la technologie et le vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum partagent la même opinion. De plus, le directeur du cabinet et les deux interviewés ont relevé des difficultés similaires concernant l’accès à des formations spécialisées, le manque d’équipement technologique, et la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, ce qui signifie en pourcentage 100 %.

Il est important de noter que 100 % de l’institution et de nos autres interviewés- chef de du département des langues et le vice-directeur ont également souligné une baisse de la demande de services d’interprétation, ce qui a entraîné une rémunération plus faible à la fois au sein de leur institution et sur le marché soudanais.

En outre, l’institution a signalé un grave manque d’interprètes professionnels, ainsi que le départ d’interprètes expérimentés qui étaient présents sur le marché depuis des années.

Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation 

Ce point aborde les difficultés concernant la recherche d’emploi confrontées par nos répondants. Ainsi, nous voulons savoir si ces difficultés sont liées à quelles lacune ou insuffisances professionnelles.

Tableau 3 : Les difficultés liées à la recherche d’emploi en interprétation

Quelles sont les difficultés dans la recherche d’emploi en interprétation que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Peu d’offres d’emploi dans le secteur de l’interprétation 1O 45,5 % Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation simultanée 12 54,5 % Le recruteur demande une compétence particulière que vous n’avez pas 9 40,9 % C’est un cercle plutôt fermé où les clients vous appellent directement ou vous recommandent à d’autres structures quand ils sont satisfaits de votre prestation. 13 59,1 % Problèmes liés à la combinaison linguistique 5 22,7 % Non-maitrise des logiciels de visioconférence comme zoom, webex 6 27,3% Manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive 3 13,6% Ensemble de réponses multiples 58 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés rencontrées par les interprètes dans la recherche d’emploi sur le marché de l’interprétation, le graphique 2 et le tableau 2 ci-dessus présentent les résultats suivants:

Tout d’abord, 10 interprètes (soit 45,5%) ont mentionné que l’offre d’emploi en interprétation est limitée.

Ensuite, 12 interprètes (soit 54,5 %) ont signalé le manque d’expérience professionnelle en interprétation simultanée comme un obstacle majeur dans leur recherche d’emploi.

De plus, 9 diplômés (soit 40,9 %) se plaignent que les recruteurs exigent des compétences particulières qu’ils ne possèdent pas, ce qui rend leur recherche d’emploi plus difficile.

Par ailleurs, 13 répondants (soit 59,1 %) estiment que l’interprétation est un domaine relativement fermé, où les clients contactent directement les interprètes ou les recommandent à d’autres organisations s’ils sont satisfaits de leur travail.

De plus, 5 interprètes (soit 22,7%) ont soulevé des problèmes liés à la combinaison linguistique, ce qui peut rendre leur recherche d’emploi plus complexe.

En outre, 7 interprètes (soit 27,3 %) ont souligné qu’ils ne maîtrisent pas les logiciels de vidéoconférence tels que Zoom ou Webex, ce qui peut être un obstacle dans un environnement de plus en plus numérique.

Enfin, 3 interprètes (soit 13,6 %) ont évoqué le manque d’expérience professionnelle dans l’interprétation consécutive comme une difficulté dans leur recherche d’emploi.

Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes soudanais 

Cette question a été posée pour savoir les difficultés linguistiques confrontées par nos répondants sur le marché.

 

Tableau 4: Les difficultés linguistiques confrontées par les interprètes sur le marché de l’interprétation

Quelles sont les difficultés linguistiques que vous rencontrez en tant qu’interprète sur le marché au Soudan ? n % Langues de travail peu courantes 5 22,7 % Vocabulaire spécialisé 14 63,6 % Variations dialectales 2 9,1 % Charge cognitive élevée 10 45,5 % Cohérence terminologique 10 45,5 % Accents étrangers 11 50% Flux de parole rapide 15 68,2% Absence de formation linguistique 15 68,2% Ensemble de réponses multiples 82 100 %

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne les difficultés linguistiques que les interprètes rencontrent sur le marché de l’interprétation de nos jours, selon le graphique 3 et le tableau 3, plusieurs problèmes se dégagent. Tout d’abord, 5 interprètes (soit 22,7 %) ont évoqué le fait que les langues de travail qu’ils maîtrisent sont peu courantes sur le marché. De plus, 14 interprètes (soit 63,6 %) se plaignent des difficultés liées au vocabulaire spécialisé.

En outre, 2 interprètes (soit 9,1 %) ont mentionné qu’ils font face à la difficulté des variations dialectales sur le marché. Par ailleurs, 10 interprètes (soit 45,5 %) se plaignent de la charge cognitive. De manière similaire, 10 autres interprètes (soit 45,5 %) déplorent le manque de cohérence terminologique. Enfin, 11 interprètes (soit 50 %) font face à la difficulté des accents étrangers.

Pour couronner le tout, 15 interprètes (soit 68,2 %) indiquent avoir du mal avec le flux de parole rapide. De manière similaire, un pourcentage identique de 10 interprètes se plaint de l’absence de formation linguistique pour les interprètes.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect linguistique joue prépondérant dans le métier de l’interprète, surtout quand ce dernier est convoqué pour une conférence. Ce genre de conférences exige une préparation préalable de la part de l’interprète pour savoir la combinaison linguistique sollicitée pour la conférence ou l’atelier de travail, se familiariser avec la terminologie de la conférence et les informations de base y étant relatives ainsi que la préparation des glossaires pour les domaines dans lesquels les interprètes travaillent. Par conséquent, le manque de cet aspect peut entraîner la plupart du temps une mauvaise prestation chez l’interprète. Par ailleurs, le métier de l’interprétation vient en second lieu, tandis que les métiers tels l’enseignement, la médecine, la recherche scientifique, la sociologie et d’autres viennent en premier lieu. Cela est attribué au fait que le métier de l’interprétation est saisonnier. En outre, il expose les difficultés relatives aux qualités personnelles dont doit disposer l’interprète telles que les exercices de Shadowing qui aident à l’amélioration de l’efficacité de la mémoire, de la prononciation et la prestation personnelle des conférences etc.

Ces difficultés variées mettent en évidence les nombreux défis linguistiques auxquels les interprètes sont confrontés sur ce marché.

L’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Cette partie s’intéresse à l’impact des conflits politiques sur le marché de nos acteurs et l’ampleur de cet impact sur leurs activités génératrices.

 

Graphique 1 : Répartition de l’impact des conflits politiques sur le marché de l’interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

Les résultats du graphique 4 ci-dessus montrent que parmi les 22 interprètes interrogés, 14 (soit 63,6 %) ont mentionné que les conflits politiques peuvent avoir un impact sur le travail des interprètes en raison de l’augmentation des opportunités de travail. En outre, parmi ces 22 interprètes, 9 (soit 40,9 %) signalent que ces conflits politiques peuvent avoir un impact sur leur travail en raison des risques pour leur sécurité personnelle. Enfin, parmi ces 22 interprètes, 8 (soit 36,4%) indiquent que les conflits politiques ont un impact sur leur travail en raison de l’augmentation de la demande d’interprétation.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière, le chef du département de langues de l’université du Soudan des sciences et de technologie a déclaré que l’aspect est attisé par la situation économique ; c’est-à- dire plus la situation économique est stable, moins les conflits politiques s’attisent. Il peut ainsi influencer la tenue des conférences internationales, réduire la présence des ONS internationales. En outre, il déclare que la dévaluation de la monnaie locale fait référence à la situation économique, sécuritaire et politique.

La gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Cette partie s’intéresse à la manière dont les acteurs gèrent les conflits liés à la disponibilité de ressources et formations en interprétation.

 

Graphique 2 : Répartition de la gestion des conflits liés à la disponibilité de ressources et de formations en interprétation

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la gestion des défis liés à la disponibilité limitée de ressources et de formations spécialisées par les interprètes soudanais, les résultats du graphique 16 ci-dessus ont montré que 18 interprètes (soit 81,8%) gèrent ces défis en créant des programmes de formation pour eux-mêmes, c’est-à-dire qu’ils s’auto-forment sans suivre une formation professionnelle formelle. D’autre part, 14 autres interprètes (soit 63,6%) indiquent qu’ils recherchent des formations en ligne. Il convient de noter que ces formations en ligne ne sont pas accréditées et ne sont pas suivies au sein d’établissements reconnus.

 

La combinaison la plus sollicitée sur le marché

Cette question a été posée pour connaitre la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché.

 

Graphique 3 : Répartition de la combinaison la plus sollicitée sur le marché

Source : Enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché au Soudan

En ce qui concerne la combinaison linguistique la plus demandée pour l’interprétation au Soudan, nous avons obtenu, selon le graphique 17 ci-dessus, les résultats suivants :

– Anglais-Arabe : 18 des interprètes (soit 81,8 %) indiquent que c’est la combinaison linguistique la plus sollicitée sur le marché de l’interprétation.

– Français-Arabe : Cette combinaison linguistique est utilisée par 17 interprètes (soit 77,3 %), ce qui en fait la deuxième combinaison la plus demandée sur le marché de l’interprétation. Il est important de noter que l’arabe est considéré comme langue A au Soudan.

РArabe-Anglais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 11 interpr̬tes (soit 50%).

РArabe-Fran̤ais : Cette combinaison linguistique est utilis̩e par 9 interpr̬tes (soit 40,9%).

Il est ̩galement important de noter que les deux langues (Anglais РFran̤ais) sont consid̩r̩es comme des langues B sur le march̩.

Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes travaillant sur le marché

Cette section se penche sur les solutions et recommandations proposées en vue d’une meilleure amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes exerçant sur le marché de l’interprétation au Soudan.

 

Tableau 5: Perspectives d’amélioration des conditions et qualifications professionnelles des interprètes sur le marché de l’interprétation au Soudan

Quelles solutions et recommandations proposez- vous pour améliorer les conditions et qualifications professionnelles du marché de l’interprétation au Soudan ? Fréquence Pourcentage Promouvoir l’apprentissage des langues étrangères au sein de la population 18 81,8 % Etablir des partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure 12 54,5 % Organiser des événements internationaux et des conférences au Soudan 13 59,1 % Améliorer les infrastructures pour accueillir des événements internationaux 18 81,8 % Etablir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence au Soudan 20 90,9 % Formation sur l’usage des logiciels de visioconférence 19 86,4% Il faut une organisation du marché de l’interprétation 20 90,9% Créer une association des Interprètes et Traducteurs au Soudan 20 90,9% Total 22 100 %

Source : enquête auprès des interprètes travaillant sur le marché

Le graphique 7 et le tableau 4 présentent les diverses solutions et recommandations formulées par les interprètes exerçant sur le marché. Pour résoudre les problèmes liés aux perspectives du marché de l’interprétation au Soudan, diverses recommandations ont été émises.

D’une part, 18 interprètes (soit 81,8 %) préconisent la promotion des langues étrangères au sein du pays. En outre, 12 interprètes (soit 54,5 %) recommandent l’établissement de partenariats avec des organismes internationaux de grande envergure, tandis que 13 autres interprètes (soit 59,1 %) encouragent l’organisation d’événements internationaux et de conférences au Soudan. De plus, 18 interprètes (soit 81,8 %) suggèrent l’amélioration des infrastructures pour accueillir des événements internationaux.

D’autre part, 20 interprètes (soit 90,9 %) considèrent qu’il est nécessaire d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. De plus, 19 interprètes (soit 86,4%) soutiennent la nécessité d’une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence. Par ailleurs, 20 autres interprètes (soit 90,9 %) plaident en faveur de l’organisation du marché de l’interprétation de conférence au Soudan. Enfin, 20 interprètes (soit 90,9 %) recommandent la création d’une association des interprètes et traducteurs au Soudan afin d’exploiter le potentiel des interprètes soudanais sur le marché.

En parallèle, les données recueillies lors des entretiens ont également mis en lumière d’autres recommandations. Selon les personnes interviewées en la personne du chef département de langues à l’université du Soudan et du vice-directeur du département de pédagogie à l’université de Khartoum (100%), exerçant aussi comme interprètes, il est fortement recommandé d’établir des écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence pour former des interprètes performants sur le marché. De plus, elles plaident pour une formation sur l’utilisation des logiciels de vidéoconférence, notamment pour permettre le travail à distance, ce qui est particulièrement pertinent en période de conflits. Les personnes interviewées (100%) insistent sur la création d’une association des interprètes-traducteurs pour promouvoir les interprètes auprès des consulats, ambassades et ONG internationales présents dans le pays. Par ailleurs, selon les deux interviewés (100%), il est important d’organiser le marché de l’interprétation au Soudan, car le marché actuel manque d’organisation et ne respecte pas les normes relatives aux codes de déontologie du métier, ce qui limite les opportunités et entrave le développement du marché. Ils considèrent également qu’il est essentiel de former en priorité les diplômés et les interprètes non professionnels ici ou à l’étranger afin qu’ils puissent à leur tour de former d’autres non professionnels souhaitant travailler sur le marché de l’interprétation au Soudan. D’une part, le chef du département recommande l’amélioration du contexte politique en laissant la venue des ONGS internationales soit tolérée par le gouvernement conformément aux termes et accords de références de l’Etat, ce qui aide à l’élargissement du marché de l’interprétation au pays. Il recommande également que les interprètes doivent développer leurs compétences professionnelles et qualités personnelles pour être performant et concurrencer sur le marché. D’autre part, il est pour la création d’une association professionnelle des interprètes qui doit avoir pour objectif de remédier aux défis auxquels les interprètes sont confrontés tels que la non-reconnaissance professionnelle de leur métier, la mauvaise connaissance de l’éthique du métier etc.

Selon lui, cette association professionnelle peut jouer un rôle crucial dans l’organisation du marché de l’interprétation et participer à la promotion de ses membres. Enfin, le directeur du cabinet d’interprétation de la société AUDIO, une institution privé de prestation des services des langues, met l’accent sur la création d’une école d’interprétation à part entière, soutenant ainsi l’idée de permettre aux personnes désireuses de bénéficier d’une formation complète en interprétation pour être performantes sur le marché de l’emploi. Selon lui, il est crucial d’organiser le marché de la profession de l’interprétation conformément aux réglementations de la pratique, tout en créant une association des traducteurs-interprètes qui pourrait régir le marché et faire la publicité de ses membres.

CONCLUSION

Cette étude a bien permis d’identifier les divers défis auxquels les interprètes au Soudan font face, notamment le manque de formation spécialisée et de reconnaissance professionnelle et sociale, la concurrence déloyale d’interprètes non qualifiés, la rareté des langues de travail et la charge cognitive. Cependant, les pistes de solution proposées ont le potentiel d’améliorer considérablement leurs conditions et qualifications professionnelles. Il est désormais essentiel de mettre en Å“uvre ces recommandations pour renforcer le secteur de l’interprétation de conférence au Soudan. Cette étude, à cet effet, propose, pour remédier à ces défis améliorer les conditions et qualifications professionnelles, les recommandations suivantes :

la création d’écoles de formation professionnelle en interprétation de conférence. Il est important de noter que les interprètes interrogés dans cette étude n’ont pas été formés dans des écoles de formation pour améliorer la qualité du marché.

Pour une meilleure amélioration de la qualité du marché, il faut une organisation de ce marché conformément aux réglementations de la pratique, car nous avons remarqué que les interrogés se sont plaints d’une mauvaise organisation dudit marché.

La création d’une association des traducteurs- interprètes pour régir les règlements du marché et faire la publicité de ses membres. Une association qui aura pour objectif de maximiser les acquis et corriger les insuffisances à travers l’auto-évaluation de ses membres.

La formation sur les technologies de l’information et de la communication, les logiciels de visioconférence. En effet, des catastrophes telles que la covid-19, les conflits nécessitent le recours aux conférences en ligne pour réduire le déplacement des interprètes. Par conséquent, le fait de maitriser ces technologies est une priorité pour ce métier étant donné qu’il est une ressource génératrice principale.

La promotion des langues étrangères dans le pays.

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Cite this Article:

Abubaker, AA; Gandu, S (2024). Challenges and prospects of conference interpreting in Sudan. Greener Journal of Social Sciences, 14(1): 1-12.

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